Cette semaine, le Groupement Départemental d’Indre-et-Loire Force Ouvrière qui s’occupe du suivi des agents de la fonction publique territoriale, notamment lors des demandes de reconnaissance en maladie et accident du travail, alertait de la situation préoccupante au Centre de Gestion d’Indre-et-Loire (CDG 37) . Cette administration créée à la fin des années 80 – comptant actuellement un peu moins de cinquante fonctionnaires et contractuels – a pour mission de gérer pour le compte des collectivités du 37, notamment les plus petites, l’ensemble du champ des ressources humaines de la fonction publique territoriale : organisation des concours, instances paritaires (avancements, promotions internes), gestion des carrières, recrutement, mobilité, accompagnement des situations de handicap, situations médicales (maladie professionnelle, accident du travail), médecine préventive, santé et sécurité au travail… Pour autant, chez ces spécialistes de la gestion du personnel, il semble qu’un environnement de travail toxique se soit peu à peu installé, provoquant depuis des années un malaise palpable.
Des responsables de FO rapportent des situations préoccupantes vécues par des agents de cette administration ayant été « confrontés à des pratiques managériales archaïques basées sur l’autoritarisme et le paternalisme, avec des conditions de travail stressantes, parfois même dégradantes, avec des brimades, humiliations, dénigrements, mises au placard, pression sur des objectifs irréalisables, pratiques discriminatoires… Le manque de confiance de la hiérarchie est patent ». Tout ceci créant « un climat d’omerta où la critique et la moquerie de l’autre est la règle, avec des agents murés dans le silence de peur des représailles, chacun dans son bureau, porte fermée pour la plupart ». « Ça transpire et ça sent la peur, dès l’entrée dans le bâtiment on perçoit la chape de plomb et le climat délétère qui y règne », témoigne une personne qui fréquente le lieu et qui souhaite rester anonyme. « Ces dernières années, beaucoup d’agents ont préféré fuir ou ont été incités à partir vers un avenir professionnel plus motivant et plus épanouissant. Le turn-over est impressionnant…», livre de son côté un agent parti sous d’autres cieux il y a quelques mois.
FO, qui travaille depuis des années sur les problématiques de harcèlement moral et qui a d’ailleurs réussi à obtenir la condamnation d’un cadre de la Mairie de Tours cette année, suit de près le dossier. Et visiblement, les choses s’accélèrent depuis quelques jours : l’Ordre des Médecins a été saisi au sujet de l’attitude des services de la santé au travail du CDG 37, plusieurs recours devant l’autorité administrative ont été lancés et une plainte a été déposée au commissariat de Tours. De même, la presse locale a été alertée, reste à voir si elle couvrira l’affaire…
Du côté du CDG 37, à la suite de quelques changements récents, l’institution est désormais présidée depuis quelques semaines par M. Jean-Gérard Paumier, ancien maire du très huppé Saint-Avertin et actuel président du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, en remplacement de M. Jean-Yves Couteau décédé en 2016. Du reste, M. Paumier est l’ancien directeur général des services de ce même Conseil Départemental et connaît donc parfaitement la question de la gestion des ressources humaines qui était au cœur de ses missions pendant des années. Il sera sans nul doute sensible aux déclarations de situations de mal-être au travail dans une institution dont il est désormais responsable. Pourtant, en off, certains de ses anciens camarades des Républicains de Tours semblent un peu moins optimistes, considérant que Jean-Gérard Paumier ne voudra pas s’empêtrer dans cette affaire, lui qui est déjà en campagne pour les élections départementales de 2021 tout en lorgnant fortement vers le Sénat en 2023. Ces anciens bons amis ont la dent dure contre M. Paumier, le qualifiant d’habile manœuvrier, négociant déjà un rapprochement avec LREM. Dans cette perspective stratégique, sa présidence à la tête du CDG 37 pourrait être un excellent outil d’influence dans le département, et notamment auprès des maires des petites villes rurales, relais essentiels pour ces deux élections et, de fait, dépendants du centre de gestion.
Il faudra donc être très vigilant pour la suite afin d’éviter que tout ceci ne finisse par être pudiquement balayé sous le tapis, pour ne pas faire de vagues, dans la grande tradition de l’administration. En tout cas, pour l’instant, un début de médiatisation permettra peut-être d’attirer un peu d’attention sur cette situation, notamment avec la tenue d’un Conseil d’Administration du Centre de Gestion 37 ce lundi 30 novembre où pourraient être enfin évoquées ces problématiques.
En attendant, la direction du CDG 37 a été sollicitée pour réagir à cette situation, ainsi que M. Jean-Gérard Paumier et les deux premiers vice-présidents de cette institution, M. Michel Gillot – adjoint à Saint Cyr sur Loire et précédent Président du CDG 37 – et M. Christian Gatard – l’influent maire de Chambray-lès-Tours –. Je ne manquerai pas de partager dans ce blog leurs réponses.
Et quoi de mieux que conclure sur une note d’optimisme avec cette citation de la directrice générale actuelle du CDG 37, Mme Nathalie Péron, tirée d’une interview de 2018 : « Le passage du management vertical au management horizontal a obligé les gens de ma génération à se remettre en question et à penser les organisations autrement. Décloisonner les clivages hiérarchiques m’apparaît comme une excellente chose qui nécessite encore des évolutions dans bien des organisations territoriales ». En effet, on ne peut que rêver de « mettre en place des politiques de management bienveillant au cœur de toutes les organisations territoriales ».
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Qui je suis ? Pourquoi travailler anonymement ?
J'ai 40 ans, je suis professeur d'Histoire dans le secondaire, musicien, militant de l'éducation populaire et de l'Art pour tous, militant de la solidarité envers les exilés, militant de l'union de la gauche. Je n'ai pas de diplôme de journalisme ni de carte de presse, pour autant, je ne pense pas qu'il faille laisser le monopole de l'information aux seuls journalistes et médias institués, par ailleurs utiles et globalement compétents. Je ne pense pas que les médias locaux soient vendus à des intérêts occultes, je n'ai pas la prétention de m'y substituer, loin de là. Ces activités de bloggeur me prennent 10% de mon temps, ce sont mes activités professionnelles et associatives puis ma vie privée qui occupent l'essentiel de mon temps, je ne suis pas obsédé par la politique, tapis derrière un écran toute la journée.
J'ai commencé à proposer des articles pour le site la Rotative en 2015, profitant des rencontres de politiques, fonctionnaires territoriaux, syndicalistes et experts liées à mes activités et qui me parlaient de dysfonctionnements observés dans un certain nombre de domaines. En 2018, j'ai monté ce blog bénévolement pour avoir pleine liberté dans ma ligne éditoriale.
Face à certains choix politiques ou certaines souffrances au travail et en prenant en compte l'état de la presse locale, j'ai donc décidé d'essayer à mon modeste niveau et avec mes modestes compétences de rendre public ce qui me semblait important afin de permettre aux citoyens de mieux saisir les enjeux, pas toujours si manifestes. L'audience est également modeste, environ 100.000 clicks en six ans, des articles faisant entre 1.000 et 10.000 lectures, j'en ai rédigé presque 70, certains ont été partagés sur les blogs du Diplo, d'autres utilisés comme source par Médiapart ou Wikipédia ou des ONG. Je n'ai jamais eu de poursuites en diffamation ou injure, je travaille d'ailleurs régulièrement avec des avocats à ce sujet.
Ayant très vite reçu des menaces de politiques par téléphone et sur les réseaux sociaux, ne bénéficiant pas de la protection des médias professionnels et cherchant à protéger mes sources, j'ai préféré rester dans l'anonymat. Je suis conscient des limites de ce choix qui peut décrédibiliser mon travail, mais je m'appuie sur une solide méthode et sur la confiance constituée peu à peu, chacun étant libre de recouper les infos avec ses propres lectures et analyses. Je sais également que les journalistes locaux reçoivent de nombreuses pressions des politiques, de leur hiérarchie et des lecteurs, et je voulais limiter cet effet sur mon travail, même si rapidement mon identité a circulé dans les cercles politiques où mon anonymat n'existe plus depuis bien longtemps.
Ce blog est subjectif dans ses analyses et interprétations, il ne se prétend pas neutre, mais il n'est pas non plus une entreprise de propagande. Je ne suis encarté dans une aucune organisation, je ne vote que lorsque la configuration d'union de la gauche est satisfaite. On m'accuse d'être tour à tour socialiste, anarchiste, d'ultra-gauche, progressiste exacerbé. Il n'en n'est rien, je le répète, je suis pour l'union de la gauche et je confesse une admiration pour Lionel Jospin, on a vu plus radical.
Comment je travaille ? D'où sortent mes infos ?
Je m'appuie sur ma formation en sciences sociales et sur les méthodes déployées dans mes recherches universitaires.
Lorsque j'aborde un sujet, je lis tout ce que la presse a dit dessus, ensuite, j'interroge des dizaines d'acteurs le plus souvent de visu (politiques de droite et gauche, syndicalistes, agents, usagers, témoins, proches...) et ensuite j'essaye de constituer un réseau de faits avec les informations dont je dispose. Je recoupe avec d'autres témoignages ou d'autres sources pour m'assurer que ce que j'avance est vrai. Bien entendu, il y a une marge de flou, des hypothèses, des manières d'analyser qui ne peuvent viser l'objectivité, c'est ainsi en sciences humaines et dans le journalisme, je commets parfois des erreurs, signalées par des lecteurs avertis que je remercie pour leur exigence. La plupart des témoins demandent l'anonymat, effrayés des conséquences s'ils sont agents ou salariés, ou s'ils ne sont pas d'accord avec leur parti ou l'institution à laquelle ils appartiennent. Il va de soi que je ne prends jamais ce que raconte un témoin pour argent comptant, je recoupe et évalue la fiabilité de ce qu'il dit et les intérêts personnels à le dire.
Plusieurs fois, des témoins peu fiables ou des hypothèses trop fragiles sont écartées, j'ai déjà débuté des articles en m'arrêtant face à l'évidente faiblesse des sources.
Contrairement à ce dont m'accusent certains, je ne fais pas les poubelles : aucune allusion à la sexualité, aux réseaux occultes, à des pratiques déviantes personnelles n'est soulevée dans le blog, je ne vole aucune info ou ne la soutire à 2h du matin à un témoin éméché. Pourtant, ces ragots, ce sont la principale matière première dont m'abreuvent pas mal de gens qui me contactent spontanément, ce qui arrive souvent. Ce sont les actes dans le cadre politique ou laboral qui m'intéressent. Je parle donc de la dimension publique des personnes, pas de leur vie privée. Je n'ai pour projet de salir personne ni de remplacer qui que ce soit, j'expose sur la place publique des faits et interprétations pour nourrir le débat collectif auquel je participe, pas plus. Je comprends que les gens qui m'attaquent me prêtent des intentions occultes, un goût du glauque, un esprit de fouineur doublé d'un procureur, je subis ces jugements à chaque fois, c'est le jeu. Ce qui m'importe, c'est est-ce que ça vaut le coup de subir ces pressions pour l'idée que je me fais du débat public. Pour l'instant, oui.
Enfin, il y a la question du style d'écriture. J'admets aimer un peu trop le goût de la formule et de la phrase clinquante ou sarcastique, j'essaye de gommer cela peu à peu, j'entends que cela déplaise, mais j'assume aussi ne pas vouloir écrire de manière trop fade ou policée.
Bonne lecture.
Voir tous les articles par Joséphine K.
Publié
4 commentaires sur “Rien ne va plus au Centre de Gestion d’Indre-et-Loire”
Bonjour ! Je ne sais pas qui vous êtes, et votre article ne reflète pas du tout la réalité. Je suis agent du Centre de Gestion que vous critiquez depuis 10 ans, et comme de nombreux autres agents, nous ne reconnaissons pas du tout ce que vous y décrivez ! Je vous invite à venir nous rencontrer avant de publier de tels immondices !
J’ai demandé des itw à la direction et aux membres du CA. Par ailleurs, ce ne sont pas des immondices mais des témoignages recoupés donnant lieu à des procédures judiciaires ainsi qu’un accompagnement syndical.
Ah, et vous, on sait qui vous êtes : l’informaticien du site, dont le nom et certaines attitudes et manières de faire ont été en effet mises en avant par plusieurs témoins.
Belle soirée
Bonjour,
Je constate que pour le comité médical cela est vrai il y a trop d’attente pour faire passer les dossiers en commission cela peut engendrer une précarité pour les agents en attente.
Bonjour ! Je ne sais pas qui vous êtes, et votre article ne reflète pas du tout la réalité. Je suis agent du Centre de Gestion que vous critiquez depuis 10 ans, et comme de nombreux autres agents, nous ne reconnaissons pas du tout ce que vous y décrivez ! Je vous invite à venir nous rencontrer avant de publier de tels immondices !
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J’ai demandé des itw à la direction et aux membres du CA. Par ailleurs, ce ne sont pas des immondices mais des témoignages recoupés donnant lieu à des procédures judiciaires ainsi qu’un accompagnement syndical.
Ah, et vous, on sait qui vous êtes : l’informaticien du site, dont le nom et certaines attitudes et manières de faire ont été en effet mises en avant par plusieurs témoins.
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Bonjour,
Je constate que pour le comité médical cela est vrai il y a trop d’attente pour faire passer les dossiers en commission cela peut engendrer une précarité pour les agents en attente.
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