Tours Métropole à droite toute : l’exemple de Sébastien Marais

Pour cette deuxième livraison de portraits des membres du nouvel exécutif de Tours Métropole, on s’intéressera à Sébastien Marais. Le maire controversé de la petite commune de la Membrolle-sur-Choisille, devenu vice-président presque par hasard en juillet dernier par la grâce du tandem Augis-Briand, est en charge à la métropole du dossier explosif de l’accueil des gens du voyage. Qui est ce jeune élu qui a commencé la politique il y a moins de dix ans ? Que nous dit sa nomination des stratégies et orientations politiques de la majorité de droite à la métropole ? Quelles sont les perspectives politiques sur les questions liées aux gens du voyage ?

La droite à la métropole : une bien fragile équation

Souvenez-vous cet été, le départ en catastrophe du président Wilfried Schwartz, empêtré dans des histoires de management dysfonctionnel et accusé d’agression par son directeur de cabinet. La crise politique qui couvait depuis des mois s’est précipitée et très vite Frédéric Augis, le maire de Joué-les-Tours, sent qu’il y a un coup à jouer, d’autant plus que son mentor Philippe Briand affaibli politiquement par le procès Bygmalion était sur la touche.

Augis multiplie alors les coups de fil, les réseaux de Briand fonctionnent à plein régime et en deux temps trois mouvements, une majorité pour le moins disparate est constituée, prête à réaliser le casse du siècle : arrimer la métropole à droite et exclure de l’exécutif les élus écologistes et de gauche issus de la majorité d’Emmanuel Denis à Tours. Fait unique dans toutes les métropoles françaises et véritable cas d’école de déni de démocratie, la majorité victorieuse dans la plus grande commune de la métropole qui totalise 40% de la population et qui abonde une part essentielle du budget commun n’a pas de représentants dans les organes décisionnaires qui dessinent les orientations communes. La droite tient enfin se revanche des municipales de 2020 et peut espérer sortir du marasme dans lequel l’avait laissée la guerre fratricide de succession lors du départ de Serge Babary en 2017.

Mais ce tour de force a eu un coût : un enchevêtrement de compromis et de prises de risques qui fragilisent d’emblée la majorité, malgré les efforts de Frédéric Augis, droit dans ses bottes, pour montrer un visage serein et confiant.

Et là, on ne peut que s’incliner devant l’habileté de la manœuvre. Et comme tout chef d’œuvre, c’est dans le détail que l’on aperçoit le génie. Attention quand même, il faut s’accrocher pour suivre… Pour commencer, il a fallu garantir un joujou au patriarche. Ainsi, Philippe Briand est nommé 3ème vice-président malgré son absentéisme notoire depuis des mois et sa condamnation qui était considérée comme inévitable et qui est intervenue effectivement en octobre. Pour que le lot de consolation soit un peu classe, il obtient les relations internationales. Ensuite, il a fallu satisfaire les ambitieux de la famille, comme M. Cédric De Oliveira, maire de Fondettes que l’on dit tenté par la députation ou, à terme, par la présidence du Conseil Départemental, ou M. Jean-Gérard Paumier que certains donnent intéressé par les sénatoriales et qui voulait placer convenablement à la Métropole son successeur et obligé à la mairie de Saint-Avertin, M. Laurent Raymond.

Parallèlement, pour garder une illusion de co-gestion, il a bien fallu donner quelques postes à des élus légèrement colorés à gauche, façon rose très pâle, comme l’incontournable maire de Chambray, M. Christian Gatard, tout en confirmant Wilfried Schwartz, malgré son procès à venir fin novembre et sa réputation sulfureuse régulièrement évoquée par la presse. De même, M. Régis Salic, maire de Saint-Etienne-de-Chigny, prend du galon dans l’exécutif métropolitain même si son revirement a beaucoup interrogé ses anciens camarades de gauche.

Et puis, l’exclusion de l’exécutif métropolitain des élus de la majorité de Tours étant un peu dure à faire avaler, il a bien fallu proposer des postes a des élus de la commune centre. Là, le tour de passe-passe est à couper le souffle : ce sont des élus de l’opposition – des gens qui ont perdu largement les municipales l’an passé – qui se voient proposer des postes de vice-président. Mais il ne fallait pas non plus trop avantager des gens de la liste Christophe Boucher, dont les relations avec Briand sont assez fraîches. Qu’à cela ne tienne, M. Benoist Pierre qui pris ses distances avec LREM et M. Thibault Coulon, peu apprécié par ses petits camarades, obtiennent des beaux postes.

Enfin, il a bien été nécessaire de boucler cette majorité avec des élus moins expérimentés. Ainsi, l’électron libre Emmanuel François, maire de Saint-Pierre-des-Corps, exclu des vice-présidences en 2020 à cause de son attitude imprévisible a finalement obtenu une jolie vice-présidence à la métropole en juillet dernier. Et dans la même optique, des maires de toutes petites communes qui n’avaient traditionnellement pas forcément de vice-présidence se retrouvent avec des responsabilités importantes et de gros budgets à gérer, dans une réalité bien éloignée de celle de la gestion quotidienne d’une petite commune de quelques centaines d’habitants, comme cela a été le cas pour les édiles de Villandry, Savonnières, Chanceaux-sur-Choisille et la Membrolle-sur-Choisille. En 2020, Sébastien Marais obtient donc la délégation aux Crématoriums et Pompes Funèbres puis en juillet dernier, la vice-présidence aux gens du voyage, aux équipements sportifs et aux moyens généraux.

Sébastien Marais, un maire controversé

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, la Membrolle-sur-Choisille est une petite bourgade de 3 400 habitants, accolée au très huppé Saint-Cyr-sur-Loire. La commune est assez typique de ces espaces périurbains abritant des classes moyennes à la recherche d’un peu de nature et de tranquillité dans un logement individuel peu éloigné de la ville centre où se concentrent emplois, services et loisirs. C’est dans ce contexte que la Membrolle a doublé son nombre d’habitants en 50 ans mais reste par ailleurs sous-équipée en offre HLM, comme cela est fréquent dans les villes gérées sur le long terme par la droite, il est vrai, dans une ville avec peu de foncier disponible et avec une stratégie affichée d’attirer les ménages aisés.

Pendant 20 ans, c’est le RPR Jacques Mérel qui a présidé aux destinées de la commune, prenant lui-même un virage droitier en se rapprochant de Marine Le Pen. Toujours est-il qu’avec l’âge et l’usure du pouvoir, lors des municipales de 2014, c’est un CRS d’une quarantaine d’années, soi-disant apolitique et sans étiquette – M. Sébastien Marais -, qui remporte d’une très courte tête l’élection, après une campagne assez réussie prônant la rupture et en ayant fusionné au second tour avec la liste divers-gauche qui défendait une ligne sociale-démocrate.

Cependant, la lune de miel entre les « apolitiques » et la gauche ne dure pas longtemps. Au bout de seulement quelques mois, les premiers élus de la majorité démissionnent, arguant de soucis majeurs de management. En 2015, c’est le Directeur général des Services (DGS) qui démissionne, ouvrant une valse qui verra se succéder quatre DGS. On assiste également au départ de deux adjoints, M. Fabrice Salaun et Mme Martine Gatesoupe. «  Le divorce de ce mariage risqué a été entériné [en 2015] lors du soutien de Sébastien Marais pour le candidat [de droite aux élections départementales], au nom du conseil municipal de la Membrolle, alors que nous nous sommes fait élire sans étiquette » confiait à l’époque un démissionnaire. Et en effet, dès 2015, M. Marais, plus tellement apolitique prend sa carte chez Les Républicains tout en affichant sa proximité avec Frédéric Augis et Philippe Briand. En 2016, l’hémorragie continue à la Membrolle et ce sont six élus issus de la gauche qui quittent la majorité, dont une adjointe

Pire, en 2017, ce sont les conseillers d’opposition qui démissionnent et face à cette débandade municipale (13 démissions sur 23 conseillers municipaux) et conformément à la règle, de nouvelles élections sont convoquées par la Préfecture. Mais non sans de violents règlements de compte par presse et blogs interposés. Des élus accusent M. Marais d’« autoritarisme dans sa gestion personnelle ». « Le maire essaie d’être plus ouvert, plus conciliant, mais il est trop tard. Il ne délègue pas. Et les projets n’avancent pas. ».  Il pratique des « mise au placard » et affiche un « rejet de [la] sensibilité de gauche » tout en s’enfermant « dans une droite étriquée » avec « peu de débat, un budget à la petite semaine, une amputation honteuse du budget du CCAS, des réunions en cachette». D’autres ajoutent qu’il «  n’a pas su fédérer, ni gérer parce qu’il n’a pas su écouter et s’est comporté d’une façon beaucoup trop autoritaire » et qu’il « ne réunit que très peu les commissions, le conseil municipal se réduisant à une chambre d’enregistrement et que les questions d’urbanisme sont réglées par le maire directement ».

De manière plus précise, les élus que j’ai pu rencontrer dressent un inventaire de tout ce qui ne va pas selon eux : le démantèlement des politiques sociales de solidarité, de lutte contre la pauvreté, d’aide à la jeunesse ; une baisse très importante de ces subventions aux associations et de l’opacité dans les attributions de celles-ci ; l’absence de volonté de conserver la bibliothèque municipale tenue par des bénévoles ; l’utilisation du magazine municipal à des fins de promotion personnelle ; une politique sécuritaire mettant en avant le dispositif Voisins Vigilants, basé sur la surveillance et la délation ; le manque d’engagement pour faire vivre le jumelage de la Membrolle avec la ville partenaire allemande ; le démantèlement du soutien aux associations sportives (foot, rugby, pétanque, tennis, basket) ; une gestion du personnel municipal autoritaire avec une multiplication des départs ; la gestion de la Maison des Associations qui doit remplacer la MJC et qui est promise depuis 2014, mise en chantier en 2018 et à ce jour toujours pas en fonctionnement malgré un doublement du budget engagé passé de 1,5 millions à 3 millions d’euros ; le manque d’intérêt pour les questions éducatives, alors même qu’une classe de primaire a fermé dans l’indifférence de la majorité et que des tensions sont apparues avec des parents d’élèves et l’opposition qui s’interrogent sur les effets d’une chaufferie biomasse a proximité.

Un élu de la Membrolle complète : « le Plan Local d’Urbanisme a été fait à la va-vite et avec pour unique perspective des opérations de promotion immobilière ayant pour objectif de densifier le centre-ville afin de dépasser le seuil des 3500 habitants permettant de demander davantage de subventions pour les équipements. Quatre programmes sont en cours, La Belle Epoque (62 appartements et 69 places de parking), le Clos Valliére avec 24 logements, l’Aubrière avec Bouygues Immo et ses 54 logements, le Restaurant du Lac (120 couverts) au pied d’un lac et de la verdure, alors que La Membrolle a déjà la densité par habitant la plus élevée en comparaison à des communes similaires de la Métropole (Mettray-Notre Dame d’Oé-Chanceaux-Parçay Meslay…), soit 482hab/km2. Tout ça, ça va provoquer à terme des problématiques de circulation ainsi que d’imperméabilisation des sols en zone inondable… ».

De son côté, Sébastien Marais dénonce une cabale : « Depuis 2014, on a stoppé certains privilèges et on a tout remis à plat, forcément çà fait grincer des dents. On a voulu me mettre une sale image car il fallait bien trouver quelque chose. Je reconnais qu’en 2014, l’union avec la gauche était un mariage forcé ».

Et en effet, un rapide tour sur le compte twitter de M. Marais permet de comprendre à quel point le mariage avec la gauche a dû être difficile. On y retrouve pêle-mêle de la communication municipale, une foule de messages de soutien aux forces de l’ordre et quelques partages de tweets des Jeunes avec Jean Messiah ou de Kurejii Usagi, issus de la mouvance de l’ultra-droite identitaire, quand ce n’est pas une analyse sur « ces latins indisciplinés en période de Covid » ou des photos de sorties avec l’ami Philippe Briand.

Au-delà de ces postures de fond, Sébastien Marais répond également à ses opposants, mettant en avant tour à tour leur ambition personnelle, leur manque de loyauté ou les contraintes liées à la gestion du bilan financier supposément catastrophique légué par l’équipe Mérel battue en 2014. Balayant d’un revers de main toute critique et qualifiant son opposition d’incompétente, d’enfermée dans des fonctionnements d’un autre temps, de sujette au népotisme et défendant ses petits intérêts, M. Marais affirme lors de la campagne de 2018 gérer « la commune avec bon sens, celui du bon père de famille » et de poursuivre : « je ne manque pas d’humanité, je puis vous l’assurer. il ne suffit pas, pour vous, de dire le contraire pour que cela devienne la réalité ». « Malgré les coups bas, les viles attaques et la calomnie, qui émanent ou émaneront de ces élus démissionnaires, et dont nous sommes victimes depuis la campagne de 2014, sachez que nous sommes déterminés à poursuivre notre action ». Puis, en rendant publics tous les liens de famille dans les listes de ses adversaires, il conclue que dans son équipe, « il n’y a aucun lien de famille. Il n’y a pas de personne intéressée non plus. Le seul lien qui lie ces femmes et ces hommes est l’intérêt général et le souhait de bien faire pour vous tous et pour La Membrolle ».

En tout cas, en janvier 2018 et après une courte quoi qu’agitée campagne et une participation en baisse, c’est de nouveau la liste de Sébastien Marais qui remporte la victoire face à une opposition divisée. Loin de « l’ippon électoral » annoncé par Sébastien Marais en une drôle de métaphore tirée du judo, il s’agit d’un transfert de voix de la liste soutenue par l’ancien maire Jacques Mérel vers la liste Marais qui en réalité perd 75 voix entre 2014 et 2018, soit 10% de ses électeurs. Et de même, lors des élections de 2020 Sébastien Marais est réélu avec une participation encore en baisse, perdant 25 voix par rapport à 2018, de nouveau avec une liste largement renouvelée, l’opposition actuelle analysant cela comme la preuve que les soucis de management et d’autoritarisme ont continué après 2018, provoquant d’ailleurs d’autres démissions.

Sébastien Marais, l’homme de la situation à la Métropole ?

Au-delà de ces problématiques politiques locales, assez typiques des phases de transition après le départ d’un potentat local resté très longtemps au pouvoir, l’émergence d’une figure telle que Sébastien Marais sur le plan métropolitain interroge, notamment sur la stratégie du tandem Augis/Briand qui, si elle a été victorieuse pour leur camp, peut finir par poser des problèmes politiques affectant le bien commun et l’intérêt général.

Déjà, un problème de représentativité car M. Marais, élu avec moins de 750 voix dans sa commune de 3400 habitants, se retrouve Vice-Président d’une collectivité de 300,000 habitants, en charge de dimensions importantes de l’action publique. Ensuite, il y a la question du cumul des mandats et des compétences : Sébastien Marais est maire de la Membrolle, Vice-Président de Tours Métropole, policier à la Compagnie Républicaine de Sécurité 41 installée à Saint Cyr, président de l’Anval (syndicat des affluents du nord val de Loire), Président du Syndicat de Gendarmerie et vice-président du syndicat des transports scolaires, ce qui doit faire des semaines chargées, tout en garantissant des revenus autour de 6,900 euros net par mois en 2020, selon la déclaration faite en ligne à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. Cette hyperactivité est d’ailleurs pointée du doigt pas l’opposition de gauche à la Membrolle qui s’interroge sur les capacités de M. Marais à suivre les chantiers des équipements sportifs métropolitains, s’il y a déjà de grandes difficultés à la Membrolle avec une simple Maison des Associations. Et puis, dans une collectivité qui prône le dialogue, la co-gestion et la transversalité, l’autoritarisme attribué à M. Marais pourrait faire obstacle au bon fonctionnement de la mécanique métropolitaine, sans même parler de l’habitude prise depuis 2014 de faire convoquer par la Gendarmerie les membres de l’opposition qui se montrent un peu trop critiques, voire même qui ne font qu’évoquer sur les réseaux sociaux le passé judiciaire de M. Marais, condamné en 2007 par le Tribunal de Bobigny pour « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par dépositaire de l’autorité publique, faux : altération frauduleuse de la vérité dans un écrit » alors qu’il tentait de déloger des sous-locataires d’un appartement en utilisant sa fonction de policier.

Enfin, plus concrètement encore, se pose la question de la gestion de gens du voyage et des politiques publiques que va déployer Sébastien Marais à l’échelle de la métropole, lui qui a, selon son opposition, assez mal géré les installations sauvages de gens du voyage sur les terrains sportifs de la Membrolle. Le sujet est à la fois explosif mais peu débattu publiquement car il faut bien reconnaître qu’il intéresse assez peu le citoyen de base, et c’est souvent uniquement par les problématiques des nuisances supposées que l’on parle de la communauté des voyageurs.

Une élue d’Indre-et-Loire spécialiste de ces questions, plante le décor pour nous donner une vue d’ensemble sur ce sujet complexe : « il faut déjà prendre en compte le désengagement ancien de l’état sur la domiciliation des gens du voyage, ce qui relève pourtant de sa compétence et qui aujourd’hui a été renvoyée vers les communes et vers des agents qui n’ont aucune formation spécifique. Parlons aussi de l’incapacité de l’état à faire évoluer son schéma départemental d’accueil des gens du voyage, notamment sous le règne de Corinne Orzechowski. De son cynisme quant aux moyens alloués à la médiation des grands groupes dit « grands passages ou grands rassemblements », qu’elle a fait disparaître. De son incapacité à apporter une aide aux élus locaux dans la gestion des stationnements dits « sauvages ». Parlons aussi du travail de sape du CD37 depuis l’arrivée de Jean-Gérard Paumier à sa tête, qui a préféré mettre en concurrence les acteurs locaux associatifs et même aller jusqu’à lancer des marchés pour le suivi des bénéficiaires du RSA issus du voyage… Parlons du désengagement de la CAF qui a laissé choir un  Accueil de Loisirs Sans Hébergement itinérant et une Halte-Garderie itinérante qui agissaient sur l’ensemble des aires d’accueil du département, pour les 0-14 ans. Parlons de Tours Métropole, dont la seule préoccupation est d’avoir la paix sociale et qui met tout en œuvre pour rendre cette population invisible encore plus invisible. Comment une réflexion est encore possible, en pensant ces personnes comme des citoyens à part entière, comme des citoyens qui ont le droit de choisir leur mode de vie, comment en respectant les plans locaux d’urbanisme et la loi on pourrait aménager des zones caravanes sur lesquelles des terrains familiaux pourraient être aménagés pour permettre aux familles de stationner et de vivre en payant un loyer, à partir desquels, elles pourraient s’inscrire dans la vie de la cité, scolariser leurs enfants et bénéficier de leurs droits pleinement. Ou encore obliger les bailleurs sociaux à lancer des programmes immobilier annuellement, comme cela a était réalisé aux Aujoux à Montlouis, afin de proposer un habitat intermédiaire entre le logement social classique et le terrain familial… Parlons de la « grande famille » des politiques d’Indre et Loire, tout bord confondu, qui a bien compris que la grande majorité des gens du voyage ne vote pas et que par conséquent….ils n’existent pas ! »

Un travailleur associatif qui côtoie au quotidien les voyageurs complète avec les enjeux qui se posent à moyen terme pour la métropole : « depuis 2017-2018 Tours Métropole a pris en charge la gestion des aires d’accueil qui jusque là relevaient des compétences communales. La situation était très disparate, par exemple à Joué l’aire était gérée directement par la municipalité, à Saint Cyr ou Fondettes l’accueil se faisait dans de bonnes conditions, mais dans d’autres communes, c’est plus compliqué, les élus ont peur de ces questions clivantes et ils retardent les mises aux normes ou alors les conditions d’accueil sont vraiment indignes, voire les élus refusent de se plier à leur obligation de proposer une aire d’accueil, ce qui est le cas à La Riche sous Wilfried Schwartz. Dans un premier temps, la gestion des aires a été déléguée à une boîte privée qui visiblement faisait mal le boulot, elle était peu présente sur le terrain et l’entretien des aires laissait à désirer. Depuis peu, c’est l’asso Tsigane Habitat qui a obtenu de la Métropole la gestion des aires, à la demande d’Emmanuel Denis et visiblement ça va mieux, mais il y a de nombreux investissements de mise aux normes à réaliser et ça coûte de l’argent, du coup, nombre d’élus de droite freinent des quatre fers, parfois avec de discours odieux et insultants. Depuis quelques mois, on est repartis encore une fois pour des formations, des diagnostics, des rencontres… mais pour moi, c’est juste pour gagner du temps car clairement, la volonté politique n’est pas là alors qu’on sait ce qu’il faut. […] En Indre-et-Loire il y a à peu près 1000 voyageurs, dont environ 500 sont au RSA et 200 stationnent régulièrement de manière sauvage, le plus souvent car ils ne trouvent pas de terrains privés ou qu’ils n’ont pas les moyens d’en acheter. Les aires d’accueil, c’est une solution de passage, mais personne n’a envie d’y vivre, surtout dans l’état dans lequel certaines sont. Et puis y rester, ça coûte 200-300 euros par mois si on compte l’eau et l’électricité, ça fait beaucoup d’argent, sans même parler du fait que ces familles n’ont pas le droit aux aides publiques au logement (APL). Et puis, certaines familles ne s’entendent pas entre elles, c’est dès lors impossible d’envisager qu’elles partagent une aire d’accueil. Il existe des solutions comme les terrains familiaux ou les terrains adaptés qui sont des intermédiaires entre le petit terrain privé et l’aire d’accueil, mais ça coûte aussi de l’argent et rares sont les communes qui se lancent là-dedans, même si ça marche à Montlouis ou à Loches par exemple. Comme pour d’autres catégories de population précaires, il faut du logement social adapté, c’est ça qui permet de stabiliser des familles, de les aider à simplement accéder à leurs droits et de scolariser convenablement les enfants. L’État et la Préfète Mme Marie Lajus semblent avoir pris la mesure du retard et il y a une réelle volonté de réviser le schéma départemental et de ne pas limiter les actions au simple processus d’expulsion par la Police, ce que pas mal d’élus semblent pourtant privilégier, avec l’espoir de prospérer électoralement ».

***

Cette fois encore, comme avec l’épisode Schwartz l’été dernier, comme avec la crise à Saint Pierre des Corps et comme avec la très médiatique affaire Bygmalion, on se demande comment Philippe Briand et Frédéric Augis vont gérer cette drôle de majorité, alors même que la grogne monte dans leurs propres rangs, avec la crainte de certains d’être durablement identifiés à des pratiques et trajectoires politiques qui fleurent bon l’ancien monde.

4 commentaires sur “Tours Métropole à droite toute : l’exemple de Sébastien Marais

  1. Bravo, très documenté, une chronologie respectée, les faits détaillés et que des faits. Un vrai travaille de fond et d’informations.
    Merci pour le temps passé et vivement la suite.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s