Dans la foulée de mon récent article au sujet de la crise frappant les foyers de la Croix-Rouge à Tours, la presse locale nous apprenait que les agents des Maisons Départementales des Solidarités (MDS) et de l’Institut Départemental de l’Enfance et de la Famille (IDEF) se mettaient en grève pour protester contre le manque de moyens dans le secteur et les effets catastrophiques sur la prise en charge et l’accompagnement des mineurs en danger, victimes de carences affectives, éducatives et matérielles.
La problématique n’est pas nouvelle et des mouvements avaient déjà frappé le secteur en 2014, 2017 et 2021, avec à chaque fois quelques rustines apposées sur un navire qui prend l’eau, histoire de calmer les syndicats et repartir pour un tour, tout en croisant les doigts pour que les agents acceptent encore de porter à bout de bras le service public, par loyauté envers leurs missions de protection de l’enfance.
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Les MDS ont été crées en 2002 sous le gouvernement Jospin afin de concentrer en une seule structure toutes les missions sociales dévolues aux Conseils Départementaux, ces collectivités constituant l’échelon de base des politiques publiques de solidarité, d’insertion, d’action sociale, d’accompagnement dans la perte d’autonomie ou dans la parentalité. Les MDS gérées par les Conseils Départementaux sont donc réparties sur tout le territoire, en une sorte de maillage qui permet la proximité avec les usagers et l’adaptation aux contextes particuliers, allant des quartiers populaires très denses des grandes villes aux espaces ruraux isolés. Ainsi, en Indre-et-Loire, on compte 22 maisons départementales de la solidarité réparties dans six grands secteurs.
Dans ces MDS, on trouve différents services : des pôles enfance en charge de l’accompagnement de familles confrontées à des difficultés éducatives, pôles qui gèrent aussi le placement en famille d’accueil ou en foyer de mineurs considérés comme en danger par les juges aux enfants ; des services de la protection maternelle et infantile (PMI) qui assurent la protection sanitaire des femmes enceintes, des mères et de leur enfant en bas âge ; des services d’insertion de personnes bénéficiaires du RSA ; un conseiller qui accompagne les personnes en perte d’autonomie ; un pôle action sociale avec des assistantes sociales territoriales et des conseillers en économie sociale et familiale chargés de l’accompagnement social et qui interviennent pour des aides ponctuelles ou sur de plus longues périodes auprès des personnes rencontrant des soucis de logement, d’emploi, de famille, de couple, de parentalité, d’isolement social, de soins, de démarches administratives…
Le maillage est en réalité encore plus fin car les MDS d’Indre-et-Loire disposent de plus de 130 points d’accueil de proximité et les agents sont mobiles, pouvant en plus de leurs permanences se rendre au domicile des usagers, structurant ainsi une sorte de filet de sécurité qui permet d’identifier les situations de détresse, d’écouter les personnes et de leur proposer toute une palette d’aides, parfois en s’appuyant sur le réseau associatif local, parfois sur des institutions et des dispositifs publics, plus rarement sur des procédures policières et juridiques, en cas de violences, comportements à risques ou des mises en danger.

Et justement, c’est ce fin maillage qui est aujourd’hui encore en situation de crise, avec des professionnels qui alertent sur les effets dévastateurs du manque de moyens dans un contexte de dégradation sociale avancée. Les différents confinements, l’augmentation du taux de pauvreté et de la précarité sociale en temps de vie chère ne faisant qu’accélérer encore le phénomène.
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« Tous les services des MDS sont touchés par le manque de moyens, mais ce qui nous inquiète le plus, c’est le cas des enfants. Au national, en dix ans, le nombre de mineurs bénéficiant d’un accompagnement éducatif a augmenté de 15% et le nombre de mineurs placés a explosé de 32%. En Indre-et-Loire, les divers types de placements ont augmenté de 15% en très peu de temps. C’est maintenant environ 1350 jeunes qu’il faut prendre en charge, mais 40 n’avaient toujours pas de place dans un dispositif en mars dernier, faisant courir des risques énormes à ces mineurs parfois victimes de violences psychiques, corporelles ou sexuelles dans leur famille. Les mesures éducatives simples ont augmenté de plus de 20% et les placements éducatifs à domicile, moins chers, de 180% ! Le nombre d’Information Préoccupantes (IP) qui sont traitées par les services a également augmenté de 34% en 2021 et les IP à la demande du procureur ont carrément flambé de 91% …et il y a encore 170 IP en attente de traitement, sur lesquelles on n’a presque pas de visibilité » commente une professionnelle du secteur.
Une collègue assistante sociale précise les statistiques : « en fait, depuis 2017 et une réforme réglementaire nationale, on a reconfiguré le traitement de ces Informations Préoccupantes. Il s’agit en fait d’un ensemble de signalements au sujet d’enfants supposés être en danger, signalements réalisés par des instituteurs ou profs, des assistantes sociales, des voisins, des clubs sportifs, des gendarmes, des centres aérés, des infirmières ou médecins voire des personnes anonymes et qui remontent à une cellule départementale. Cette cellule – la CRIP – procède à un premier tri pour comprendre ce qui relève juste du malentendu, ce qui mérite d’être approfondi par une enquête sociale ou ce qui doit être signalé au procureur de la république, lorsque l’enfant est manifestement en grave danger. Maintenant, on travaille en binômes pour rédiger dans un délai de trois mois un rapport sur les situations des enfants concernés par une IP, rapport qui comprend une analyse de la situation, des synthèses des entretiens avec la famille et l’enfant, mais aussi parfois avec les profs ou adultes de référence, des comptes-rendus de visite des lieux de vie de l’enfant, tout cela étant présenté à une commission à qui l’on propose également des préconisations dans l’intérêt de l’enfant et qui prend la décision finale en fonction de la dangerosité de la situation (…) Le traitement de chaque IP représente une trentaine d’heures de travail et désormais pour certaines assistantes sociales de secteur ou pour certains éducateurs spécialisés du pôle enfance, cela constitue une part substantielle de leur travail, avec parfois quatre ou cinq IP à traiter en parallèle. Et ça, bien sûr, en plus de nos tâches habituelles : recevoir les personnes, les écouter, identifier leurs besoins, leur proposer des solutions, les accompagner, les suivre, reprendre ce qui ne va pas, les rassurer, expliquer, réexpliquer, apaiser… bref, c’est faire de la dentelle avec les moyens du bord, surtout que l’on parle d’abord d’humain, donc standardiser et intensifier les tâches pour en faire toujours plus, sans moyens supplémentaires en personnel, c’est une grave erreur, ça n’aide pas les usagers qui restent bloqués dans leurs spirales personnelles et ça frustre les professionnels qui n’ont pas choisi ce métier pour devenir des automates et des opérateurs de gestion de dossier. La perte de sens, c’est vraiment ce qu’il y a de pire dans les métiers du social. Les faibles salaires et l’absence de considération, on savait qu’on signait pour ça quelque part, mais ne plus comprendre à quoi sert tout ce que l’on fait dans l’urgence et qui n’aide pas les usagers à sortir la tête de l’eau, c’est pas possible ».
Une éducatrice d’un pôle enfance dans une MDS rurale rajoute : « mon travail c’est référente enfants-placés, c’est à dire que je suis des mineurs qui par décision d’un juge sont sortis de leur famille pour une plus ou moins longue période. Je fais office d’interface entre la famille d’accueil ou le foyer qui gère le jeune au quotidien et l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) sollicitée par un juge pour un placement. En principe, je dois voir le jeune régulièrement et faire le suivi avec les professionnels qui l’encadrent ou faire le lien avec le magistrat qui a ordonné le placement et qui demande des rapports tous les six à douze mois pour évaluer la situation. Je dois aussi aider à construire le projet du jeune, en termes de retour dans la famille ou d’orientation professionnelle. Ça, c’est le principe lorsque l’on a un nombre raisonnable de jeunes à suivre, à peu près 25. Mais désormais la norme c’est plutôt 40, parfois plus, et avec des situations complexes de familles recomposées, de parents avec des troubles psy, sans même parler des temps de déplacement et de rédaction de rapports. Et à ça viennent s’ajouter les évaluations des IP qui nous tombent dessus sans arrêt. C’est épuisant et on a tout le temps l’impression d’avoir oublié quelque chose, d’avoir mal fait un truc ou zappé une procédure, la charge mentale est infernale (…) Les jeunes, je les vois une petite heure toutes les 6 semaines, et si j’ai besoin de passer plus de temps avec l’un qui traverse un moment difficile ou qui a besoin de vraiment causer, je sais que c’est un autre jeune que je ne verrai pas de si tôt (…) Beaucoup de gamins dont je suis référente et qui sont placés ont des parents avec des troubles psy, des handicaps et des situations de détresse et d’isolement social. C’est hyper dur à vivre, de commencer à comprendre les limites de ses parents, le sentiment de culpabilité d’être loin d’eux, le sentiment de honte parfois lorsque les parents ont des limites intellectuelles, que les copains appellent « cassoces » à l’école. Il faut que l’enfant qui devient ado comprenne et intègre qui sont ses parents, avec leurs parcours et défauts mais qui restent tout de même des parents, souvent aimants mais avec des difficultés au quotidien. Il faut expliquer, discuter, travailler, verbaliser, mettre à distance…et éviter que les problématiques se reproduisent encore et encore. Et tout ça, avec des gamins qui ont parfois déjà développé des troubles psys à leur tour, des névroses de rupture, des troubles de la socialisation ou de l’attachement et qui parfois ont commencé à se construire avec des carences affectives importantes (…) Ce n’est donc pas très compliqué d’imaginer qu’il faut du temps et que une heure tous les mois et demi, c’est rien, ça permet juste d’expédier la paperasse et de vérifier que ça va à peu près et hop, suivant ».

Un cadre du secteur met en perspective ces évolutions récentes que vivent les jeunes collègues : « en fait, dans les années 80 on a connu d’énormes avancées dans la sécurisation des parcours des gens, avec la création du RMI et des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui ont limité les situations d’extrême-misère. Mine de rien, il y avait aussi plus de sous pour les centres aérés, les centres de loisir, les séjours avec internat, les activités sportives et culturelles du mercredi après-midi, du week-end et des vacances, ça permettait de sortir les gamins plus régulièrement de leur famille qui pouvait dysfonctionner. Dans les années 90 et 2000, la législation, la quantité de dispositifs, la prise en compte de la parole des usagers – et tout ça c’est très positif – a alourdi les procédures, les dossiers à remplir et la connaissance technique et juridique. Le travail administratif, la paperasse et le travail de bureau ont explosé, limitant le temps à passer directement avec les usagers, les partenaires de ces politiques – assos, institutions, collectivités – et les collègues avec qui on a besoin de se concerter pour discuter des cas particuliers, des soucis dans tel ou tel dossier, pour collecter des avis ou s’informer sur ce qui se fait sur le territoire… et ça c’est sans compter avec les restructurations des services qui ont cassé certaines habitudes et réflexes, ce qui comporte du positif mais aussi plein de temps de perdu à s’adapter et à comprendre les procédures (…) Parallèlement, et à peu près à la même époque avec la présidence Sarkozy, l’État est devenu obsédé par la compression des dépenses publiques tout en important les méthodes du privé, notamment l’obsession du chiffre, de l’indicateur, de la performance et de la rationalisation. Et ça, typiquement, dans le secteur social, ça ne marche pas, encore moins dans la prévention qui, par nature, ne peut pas fournir des indicateurs d’efficacité. Avec la conférence de Cahors de 2017, Macron a formalisé ces objectifs d’économies, accentués sous le mandat de François Hollande, pourtant affiché comme socialiste et « ennemi de la finance ». Il a été demandé aux collectivités, dont les Conseils Départementaux, de procéder à des économies à hauteur de 13 milliards d’euros, y compris dans les aides sociales, au mépris complet du contexte économique. Comment fait-on des économies dans la protection de l’enfance, avec l’explosion des problématiques à traiter ? ».
Une assistante sociale en reconversion témoigne: « au Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, on a senti le discours sur les économies se préciser avec la présidence de Marisol Touraine en 2011, qui a pu officier ensuite au ministère de la santé sous Hollande où elle n’a pas laissé que des bons souvenirs. En fait, on a procédé a très peu d’embauches et on s’est adapté à la législation en demandant toujours plus d’intensité au travail aux agents et en renvoyant les politiques de prévention à la portion congrue. Pourtant, cette prévention, elle est efficace, elle permet d’identifier les situations et d’y apporter des mesures adaptées et progressives, plutôt que d’attendre sans rien faire qu’il soit trop tard, que le gamin morfle, que les parents sombrent et que tout se termine par un placement en famille d’accueil, si jamais il y a de la place d’ailleurs… Les dispositifs existent : les actions éducatives préventives (AEP), pour apporter aide ou conseil aux parents en difficulté sur leur rôle de protection et d’éducation, quand la santé, la sécurité ou l’éducation de l’enfant le nécessite, ou alors les aides éducatives à domicile (AED) qui apportent un soutien matériel et éducatif à la famille. Elles s’adressent aux parents confrontés à d’importants soucis comme des situations de carence éducative, de difficultés relationnelles, ou de conditions de vie compromettant la santé de l’enfant. Mais on dépense de moins en moins pour ça, c’est 500,000 euros par an dans le 37 par exemple… ».
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Face à ce marasme dans le secteur social et l’embolie des services, des représentants du personnel portent un jugement sévère sur la gestion du dossier par le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, son exécutif de droite et son président, le LR Jean-Gérard Paumier, maître incontesté de cette collectivité, ex-directeur des services, ex-vice-président aux finances et qui a pour habitude de contrôler en direct tous les dossiers sensibles, laissant aux autres élus le loisir de rencontrer les personnels mécontents, mais sans marge de manœuvre dans la négociation. « M. Paumier, on le voit jamais, il ne reçoit pas nos délégations. Il dit que nos interlocuteurs sont les élus en charge des différentes politiques du département et du coup on a affaire à la première vice-présidente en charge du social, Mme Nadège Arnault, plutôt à l’écoute et qui s’intéresse aux dossiers, mais sans possibilité véritable de nous faire des propositions, en particulier sur le plan des moyens, ou alors la vice-présidente aux ressources humaines, Mme Valérie Jabot ». A noter que cette dernière élue est également avocate associée avec Stanislas de la Ruffie, ex-RN passé chez Zemmour et par ailleurs adjointe à Philippe Briand à la mairie de Saint-Cyr et conseillère métropolitaine. Une dame visiblement très occupée et dont le dialogue social ne semble pas être une passion, c’est le moins que l’on puisse dire. Signe du niveau de tensions, la FSU et la CGT ont refusé de siéger en commission technique en signe de protestation…

« En fait, le CD37 est toujours en retard, rien n’est anticipé et donc les choses sont gérées dans l’urgence et sans concertation. Pour les mineurs non-accompagnés, il a fallu attendre des mois, des procès devant le Conseil d’État et des manifestations d’associations qui palliaient les manquements de l’institution pour procéder à des embauches d’évaluateurs et à la mise en place d’une structure dédiée à Sorigny. Pour la réforme du traitement des informations préoccupantes en 2017, on a fait ça à moyens constants avant de procéder à quelques embauches sauf qu’il ne faut pas sortir de l’ENA pour comprendre que si on affine le repérage des mineurs en danger réel ou potentiel, on mettra en évidence davantage de situations et donc il faudra d’autant plus de moyens pour une prise en charge efficace et adaptée. Mais ça n’a pas été anticipé et maintenant que l’on assiste à une augmentation exponentielle des cas de gamins à protéger, les dispositifs sont engorgés. Résultat ? On garde les enfants longtemps dans leurs familles, avec le risque que cela comporte, et on finit par les mettre là où il y a de la place, pas là où ils auraient besoin » commente un travailleur expérimenté du secteur qui attend bientôt la retraite sans grand optimisme.
Des représentants du personnel confirment : « à chaque mouvement social, il faut courir après Paumier et tenter de rameuter la presse car les instances de dialogue ne fonctionnent pas. On nous lâche quelques embauches, quelques contrats précaires pour baisser le niveau de tension et ça s’arrête-là. Il ne faut pas s’étonner du caractère cyclique de la colère ! Mais là le malaise est très profond parce qu’en plus du manque de moyens et de personnel, les métiers du social se sont tellement dégradés que l’on ne réussit plus à embaucher. Les études peuvent être longues, deux ou trois ans après le Bac, les salaires sont faibles, les contraintes avec les astreintes et obligations de service peuvent être lourdes et surtout, surtout, surtout, l’impression de ne pas pouvoir faire dignement son travail et d’être un acteur de la maltraitance institutionnelle qui pèse sur les jeunes, ça finit par bouffer les agents. Le turn-over est très important, pareil pour les burn-out, les craquages, le désinvestissement… C’est une spirale catastrophique : moins les effectifs sont stables, plus il est difficile d’avoir des référents et des adultes qui accompagnent les jeunes placés sur des années, qui les connaissent eux et leur famille et qui connaissent le territoire et tout le réseau d’acteurs. Déjà que pas mal de jeunes placés sont ballottés de lieu en lieu par manque de place, si en plus ils changent d’éducateurs et de référents tous les quatre matins, il n’y a pas de figure ni d’espace d’ancrage et ça laisse le jeune dans un contexte d’insécurité affective et éducative qui l’empêchent de se construire convenablement, déjà qu’il part avec pas mal de handicaps dans la vie. Et après on s’étonne des statistiques qui montrent que trop d’enfants placés peu accompagnés se retrouvent avec de grosses difficultés arrivés à l’âge adulte, avec des parcours chaotiques qui les mènent trop souvent à la rue (…) Ça, c’est impossible à entendre pour un professionnel qui a choisi de travailler dans le social. Avec les départs à la retraite des baby-boomers du secteur, on n’aura bientôt plus grand monde pour faire ce travail ».
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La balle est donc dans le camp des politiques désormais. Paumier, conformément à l’habitude dépeinte par les syndicats, brille par son absence, même si un plan d’action d’urgence sera proposé lors de la prochaine session du Conseil Départemental le 20 mai prochain. Il s’agit d’annoncer l’embauche d’une vingtaine d’agents, de pérenniser une vingtaine de salariés en contrat précaire et peut-être de tester un système de remplaçants mobiles géographiquement pour assurer davantage de continuité de service. Les syndicats sont clairement déçus et prévoient de manifester devant le Conseil Départemental lors de la séance pour montrer leur désaccord face à ce qu’ils considèrent comme une énième rustine sur un dispositif en perdition.

De leur côté, les élus d’opposition semblent se saisir de la question et veulent utiliser ce temps de débat pour mettre M. Paumier face à ses contradictions et le pousser à justifier ses choix budgétaires et son silence sur ces questions, hormis quelques déclarations rassurantes aux journalistes polis de la Nouvelle République. Mais l’opposition sait aussi que Paumier leur tend un piège avec ce plan d’action car si elle vote pour, elle donne raison à Paumier et si elle vote contre, Paumier aura beau jeu de dire que la gauche est opposée aux créations de poste. On se dirige donc probablement vers une abstention, mais au risque de donner l’impression aux agents – déjà bien désenchantés par la classe politique – que l’opposition n’a pas envie de se mouiller. Et cela dans un contexte interne complexe avec une opposition scindée entre socialistes et écologistes et un groupe socialiste difficile à gérer, avec des personnalités cumulardes très absentéistes et d’autres qui ne suivent pas la discipline de groupe et votent les budgets Paumier. Et puis, malgré le contexte d’union des gauches propre aux législatives de juin prochain, les élus ne sont pas avares en petites piques de type « c’est facile de promettre que demain on rase gratis » ou « on se demande bien pourquoi ils se disent de gauche, on dirait qu’ils ont peur des mouvements sociaux ». Ambiance.
Assez désespérant quand on mesure les enjeux immédiats mais surtout lorsque l’on apprend que le schéma directeur de la protection de l’enfance doit entrer dans une phase de consultation et de réflexion afin de proposer un plan pour la période 2023-2028. Lors du plan précédent, Paumier avait eu recours à un cabinet de conseil parisien pour construire le schéma, n’écoutant que très peu les professionnels de terrain et abordant la question de manière purement comptable. Ces deux dernières années, le CD37 a dépensé presque un million d’euros en consulting divers et varié, cédant à la mode qui a cours au sommet de l’État, comme le scandale McKinsey l’a monté tout récemment. Il est donc absolument vital que l’opposition s’unisse pour demander une véritable concertation et que les professionnels, cadres, hauts fonctionnaires et politiques se mettent autour de la table pour trouver des solutions et procéder à des choix politiques en faveur des plus précaires et abîmés par la vie plutôt que de financer de la promotion touristique, des ronds-points, des tablettes numériques pour les élèves des collèges ou des expos d’art contemporain pour le plaisir des yeux de quelques-uns.
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Et pour nous, simples citoyens, il nous reste deux options : participer à l’action du 20 mai pour montrer notre solidarité et voter pour les candidats de la Nouvelle Union Populaire, Écologique et Sociale dans nos circonscriptions et envoyer ainsi une majorité de gauche à l’Assemblée Nationale pour infléchir les politiques libérales d’État qui étouffent le secteur social et les services publics depuis bien trop longtemps.