Les chroniques judiciaires de Joséphine #9 : Orléans

On rentre au Tribunal en faisant la queue pour passer sous un portique détecteur de métal, les sacs sont passés aux rayons X. « Vous avez un liquide dans votre sac, monsieur », « oui, c'est un bain de bouche », « ok c'est bon monsieur ». On passe contre un échafaudage assez haut, il y a des travaux au plafond. La séance du matin a lieu au fond à gauche. La salle, petite, sorte de bunker judiciaire en pierre et en bois avec une Marianne qui trône en hauteur derrière les juges s'allume tout à coup.

Les chroniques judiciaires de Joséphine #8 : Paris

15 000 personnes passent chaque année en comparution immédiate, temple de la Justice rationalisée en « temps réel ». Cette chambre correctionnelle est la face émergée de la Section P12, située dans le bâtiment même du Tribunal. Il s’agit d’un pool de procureurs qui gère les flagrant délits dans la capitale et qui applique depuis une vingtaine d’années le concept de « gestion des flux judiciaires » avec des substituts du procureur qui suivent en direct, sur des plate formes téléphoniques et avec un micro-oreillette, les appels des officiers de police judiciaire de toute la ville qui gèrent arrestations et gardes à vue. En moyenne, chaque substitut reçoit 85 appels par jour et peut consacrer à chaque affaire un maximum de 5 minutes. Les consignes en matière de poursuite sont issues des théories de « tolérance zéro » importées du New York des années 1980 : tout délit, même minime, doit être enregistré par la police, signalé au parquet, traité le plus rapidement possible et donner lieu à une réponse pénale afin que les délinquants soient assurés que leur déviance sera sanctionnée et améliorer ainsi le sentiment de sécurité des concitoyens.

Au Tribunal de Tours, un service public de la justice porté à bout de bras par les personnels

Un mois après la grève historique décidée par les magistrats et personnels de greffe le 15 décembre dernier en réaction au suicide d'une jeune juge de la cour d'Appel de Douai, la fatigue et la colère sont encore palpables. Un membre du Parquet de Tours, adhérent au Syndicat de la Magistrature ainsi qu'un avocat chevronné témoignent.

Les chroniques judiciaires de Joséphine #7 : Paris

15 000 personnes passent en comparution immédiate, temple de la Justice en « temps réel » et rationalisée. Cette chambre est la face émergée de la Section P12, située dans le bâtiment même du Tribunal. Il s’agit d’un pool de procureurs qui gère les flags dans la capitale et qui applique depuis une vingtaine d’années le concept de « gestion des flux judiciaires » avec des substituts du procureur qui suivent en direct, sur des plate formes téléphoniques et avec un micro-oreillette, les appels des officiers de police judiciaire de toute la ville. En moyenne, chaque substitut reçoit 85 appels par jour et peut consacrer à chaque affaire un maximum de 5 minutes. Les consignes en matière de poursuite sont issues des théories de « tolérance zéro » importées du New York des années 1980 : tout délit, même minime, doit être enregistré par la police, signalé au parquet, traité le plus rapidement possible et donner lieu à une réponse pénale afin que les délinquants soient assurés que leur déviance sera sanctionnée et améliorer ainsi le sentiment de sécurité des concitoyens.

Les chroniques judiciaires de Joséphine #6 : Bobigny

Tous les jours ouvrés, une chambre correctionnelle spéciale traite des comparutions immédiates : ce sont des procédures rapides qui interviennent dès la fin de la garde à vue lorsque le délit commis est constaté en flagrant délit et que l'enquête est simple et rapide, diligentée par le Procureur et menée par les policiers. L'accusé peut demander un délai pour mieux préparer sa défense, mais avec la fatigue de la garde à vue, le stress et la réputation de dureté des juges en cas de renvoi, sans parler du risque risque de rester quelques semaines en détention provisoire, la plupart du temps, l'inculpé préfère connaître son sort au plus vite.

Situation ubuesque au Centre de Gestion d’Indre-et-Loire

En novembre dernier, le groupement départemental 37 Force Ouvrière alertait sur la situation de deux agents travaillant au Centre de Gestion d’Indre-et-Loire (CDG 37) et ayant entamé plusieurs recours pour harcèlement moral devant différentes juridictions. Le syndicat s'était alors mobilisé et les avait accompagnés dans l'instruction des dossiers afin de les porter devant les diverses instances compétentes tout en décidant rapidement de convoquer une conférence de presse pour médiatiser l'affaire. Dans cette dynamique, un premier papier paraissait sur ce blog quelques jours avant le conseil d'administration (CA) du Centre de Gestion d’Indre-et-Loire du 30 novembre 2020 afin de provoquer une discussion au sujet de la situation des agents concernés. Et ceci, en plein renouvellement du CA avec l'arrivée des nouveaux élus issus des municipales du printemps et avec l'arrivée à la présidence du CDG 37 de M. Jean-Gérard Paumier, remplaçant M. Michel Gillot, adjoint au Maire à Saint-Cyr-sur-Loire. En réalité, aucune discussion n'aura lieu ce jour là, M. Gillot noyant le poisson et évoquant juste un litige en cours de règlement. Quelques jours plus tard, lors d'une commission administrative paritaire, il ira même jusqu'à menacer les représentants du personnel FO de poursuites en diffamation si jamais d'autres éléments fuitaient dans des médias. De fait, la conférence de presse projetée ne sera jamais organisée, le syndicat prenant rapidement ses distances avec les deux agents...

Nouveaux visages de la justice de classe #5

Tribunal de Grande Instance de Paris — 23ème Chambre Correctionnelle spécialisée dans les comparutions immédiates — 21 août 2020. Voici un compte-rendu, tiré des quelques heures passées dans les dédales de ce gigantesque bâtiment moderne, porte de Clichy. Voici ce qu’est cette justice pénale du quotidien — silencieuse, expéditive et violente —, gérée par des experts, instrumentalisée de temps à autre par le pouvoir politique.

Les podcasts de Joséphine : Belko, Thomas et la bureaucratie ou comment perdre la raison pour un bout de papier

Documentaire radiophonique

Ce documentaire radiophonique est consacré à Belko, jeune sierra-léonais arrivé en France il y a huit ans et dont les démarches de régularisation n'en finissent pas d'échouer. Malgré la situation dans son pays d'origine, malgré sa rupture familiale, malgré sa maladie, malgré ses efforts et son travail, malgré ses études, malgré ses nombreux soutiens et preuves d'intégration, le jeune homme est ballotté de dépôts de dossiers en procédures d'appel, de Préfectures en Tribunaux, d'espoirs en angoisses. On suivra donc ici son parcours chaotique et on donnera la parole à ceux qui le croisent : Thomas, un militant qui l'aide depuis quelques années, ses psychiatres, ses professeurs, une employée de Préfecture, des avocats et un juge.

Belko, Thomas et la bureaucratie ou comment perdre la raison pour un bout de papier

Cet article documentaire est consacré à Belko, jeune sierra-léonais arrivé en France il y a huit ans et dont les démarches de régularisation n'en finissent pas d'échouer. Malgré la situation dans son pays d'origine, malgré sa rupture familiale, malgré sa maladie, malgré ses efforts et son travail, malgré ses études, malgré ses nombreux soutiens et preuves d'intégration, le jeune homme est ballotté de dépôts de dossiers en procédures d'appel, de Préfectures en Tribunaux, d'espoirs en angoisses.

On suivra donc ici son parcours chaotique et on donnera la parole à ceux qui le croisent : Thomas, un militant qui l'aide depuis quelques années, ses psychiatres, ses professeurs, une employée de Préfecture, des avocats et un juge.

Nouveaux visages de la justice de classe – Troisième partie

Tribunal de Grande Instance de Paris — 23ème Chambre Correctionnelle spécialisée dans les comparutions immédiates — 22 juin 2017. Voici deux témoignages, sous forme d’un compte-rendu, tiré de quelques heures passées dans les dédales du gigantesque bâtiment de l’Ile de la Cité. Voici ce qu’est cette justice pénale du quotidien — silencieuse, expéditive et douloureuse —, escamotée et gérée par des experts puis instrumentalisée de temps à autre par le pouvoir politique.