Alertes sur la situation des Gens du Voyage en Indre-et-Loire

Parmi les discrètes victimes collatérales du départ de la Préfète Marie Lajus en décembre dernier – limogée par le ministère de l'Intérieur sous la pression de quelques élus locaux issus de la majorité et de la droite rurale –, on trouve les populations les plus fragiles qui avaient bénéficié du virage social opéré par cette haute fonctionnaire depuis plus de deux ans. Et sans surprise, ce sont les gens du voyage qui se retrouvent désormais dans une situation alarmante. Mme Lajus s'était en effet donné pour priorité d'accélérer la mise en conformité du plan départemental d'accueil des gens du voyage, perpétuellement à la traîne depuis 20 ans, n'offrant que 2/3 des places imposées pourtant par la loi. Ceci, sans même parler de la qualité des aires d'accueil, 25 sur 27 étant considérées comme indignes, enclavées, polluées, isolées et vétustes. Pire, la principale aire de Tours Métropole située à Saint-Pierre-des-Corps, construite sur une décharge sauvage en 2000, pourrait bien devenir le nouveau scandale sanitaire et environnemental à gérer pour un exécutif métropolitain déjà bien affaibli. Mais depuis que le Préfet Patrice Latron, ex-officier parachutiste coulant des jours heureux au cabinet du ministère des anciens combattants, a été bombardé en Indre-et-Loire pour rassurer les notables locaux, les bonnes vieilles habitudes semblent reprendre de plus belle.

Les chroniques judiciaires de Joséphine #10 : séance d’Assises à Orléans

(…) En fait, tout l'enjeu de l'affaire est de savoir s'il y a eu viol lors la deuxième agression, ce que l'accusé nie. Autrement dit, y a-t-il assez de preuves pour caractériser le viol et quelle est la valeur que l'on donnera au témoignage d'une prostituée bulgare face à un vétéran d'opérations extérieures de l'Armée française (...)

Les chroniques judiciaires de Joséphine #9 : Orléans

On rentre au Tribunal en faisant la queue pour passer sous un portique détecteur de métal, les sacs sont passés aux rayons X. « Vous avez un liquide dans votre sac, monsieur », « oui, c'est un bain de bouche », « ok c'est bon monsieur ». On passe contre un échafaudage assez haut, il y a des travaux au plafond. La séance du matin a lieu au fond à gauche. La salle, petite, sorte de bunker judiciaire en pierre et en bois avec une Marianne qui trône en hauteur derrière les juges s'allume tout à coup.

Les chroniques judiciaires de Joséphine #8 : Paris

15 000 personnes passent chaque année en comparution immédiate, temple de la Justice rationalisée en « temps réel ». Cette chambre correctionnelle est la face émergée de la Section P12, située dans le bâtiment même du Tribunal. Il s’agit d’un pool de procureurs qui gère les flagrant délits dans la capitale et qui applique depuis une vingtaine d’années le concept de « gestion des flux judiciaires » avec des substituts du procureur qui suivent en direct, sur des plate formes téléphoniques et avec un micro-oreillette, les appels des officiers de police judiciaire de toute la ville qui gèrent arrestations et gardes à vue. En moyenne, chaque substitut reçoit 85 appels par jour et peut consacrer à chaque affaire un maximum de 5 minutes. Les consignes en matière de poursuite sont issues des théories de « tolérance zéro » importées du New York des années 1980 : tout délit, même minime, doit être enregistré par la police, signalé au parquet, traité le plus rapidement possible et donner lieu à une réponse pénale afin que les délinquants soient assurés que leur déviance sera sanctionnée et améliorer ainsi le sentiment de sécurité des concitoyens.

Petites biographies des membres du gouvernement Borne I

Voici une synthèse biographique des 28 membres du gouvernement Borne, ne s'y trouvent que les informations publiques. Il y a 14 hommes et 14 femmes, une petite moitié vient de Paris, une petite moitié a des parents de catégories sociales supérieures, seulement deux personnes ont un bac+3 et quatre un bac+8, tous les autres ont des bac+5, avec une culture d'ingénieur ou de cadre A de la fonction publique, passés par de grandes écoles, avec une surreprésentation de Sciences Po Paris. Seulement deux personnes ont pratiqué des métiers classiques, et encore, pendant très peu de temps, les 26 autres ont eu des carrières éclatantes, entre le public et le privé (Saint Gobain, Axa, Dexia, Carrefour). 10 viennent du PS, 12 de la droite, 6 de la société civile. Une petite moitié a des conjoints issus des élites universitaires et économiques, parmi ces conjoints, le patron de la Société Générale et celui de Carrefour, un directeur opérationnel d'Engie et des cadres sup' de Google, Boston Consulting Group. Sociologiquement, ils sont essentiellement représentatifs du 5% le plus élevé de la pyramide sociale.

Au Tribunal de Tours, un service public de la justice porté à bout de bras par les personnels

Un mois après la grève historique décidée par les magistrats et personnels de greffe le 15 décembre dernier en réaction au suicide d'une jeune juge de la cour d'Appel de Douai, la fatigue et la colère sont encore palpables. Un membre du Parquet de Tours, adhérent au Syndicat de la Magistrature ainsi qu'un avocat chevronné témoignent.

Les chroniques judiciaires de Joséphine #7 : Paris

15 000 personnes passent en comparution immédiate, temple de la Justice en « temps réel » et rationalisée. Cette chambre est la face émergée de la Section P12, située dans le bâtiment même du Tribunal. Il s’agit d’un pool de procureurs qui gère les flags dans la capitale et qui applique depuis une vingtaine d’années le concept de « gestion des flux judiciaires » avec des substituts du procureur qui suivent en direct, sur des plate formes téléphoniques et avec un micro-oreillette, les appels des officiers de police judiciaire de toute la ville. En moyenne, chaque substitut reçoit 85 appels par jour et peut consacrer à chaque affaire un maximum de 5 minutes. Les consignes en matière de poursuite sont issues des théories de « tolérance zéro » importées du New York des années 1980 : tout délit, même minime, doit être enregistré par la police, signalé au parquet, traité le plus rapidement possible et donner lieu à une réponse pénale afin que les délinquants soient assurés que leur déviance sera sanctionnée et améliorer ainsi le sentiment de sécurité des concitoyens.

Les chroniques judiciaires de Joséphine #6 : Bobigny

Tous les jours ouvrés, une chambre correctionnelle spéciale traite des comparutions immédiates : ce sont des procédures rapides qui interviennent dès la fin de la garde à vue lorsque le délit commis est constaté en flagrant délit et que l'enquête est simple et rapide, diligentée par le Procureur et menée par les policiers. L'accusé peut demander un délai pour mieux préparer sa défense, mais avec la fatigue de la garde à vue, le stress et la réputation de dureté des juges en cas de renvoi, sans parler du risque risque de rester quelques semaines en détention provisoire, la plupart du temps, l'inculpé préfère connaître son sort au plus vite.

Nouveaux visages de la justice de classe #5

Tribunal de Grande Instance de Paris — 23ème Chambre Correctionnelle spécialisée dans les comparutions immédiates — 21 août 2020. Voici un compte-rendu, tiré des quelques heures passées dans les dédales de ce gigantesque bâtiment moderne, porte de Clichy. Voici ce qu’est cette justice pénale du quotidien — silencieuse, expéditive et violente —, gérée par des experts, instrumentalisée de temps à autre par le pouvoir politique.