Nuit du Bien Commun : quand la cathosphère s’affiche à Tours

Mardi prochain, le 6 juin, a lieu au Grand Théâtre de Tours un événement présenté comme une soirée de levée de dons et de découverte de 9 associations qui œuvrent en Indre-et-Loire. Sous une façade éclairée de bons sentiments et de nobles valeurs, se cache une réalité, mon dieu, bien plus nuancée…

La Nuit du Bien Commun ? Trop super !

Vous n’en avez probablement jamais entendu parler, mais pourtant la campagne de communication de la Nuit du Bien Commun dans la presse locale a été efficace : Tv Tours, la NR ainsi que les gratuits en ligne annoncent l’heureux événement depuis des mois. Et les éléments de langage ont été bien calibrés…. :

« Six ans après sa création dans la capitale, La Nuit du bien commun arrive à Tours. Le concept ? Une soirée caritative où le grand public (sur réservation) est invité à participer à des levées de dons destinées à des associations locales. (…)  Le bien commun : cette vieille notion antique reprise par Saint-Thomas a inspiré voilà six ans un événement caritatif au bénéfice d’associations (…) Le soir de l’événement, les associatifs disposent de 4 minutes sur scène pour présenter leurs projets, comme les conférences TED. [On y] collecte les fonds, [on] sollicite la salle à 4 reprises, avec 4 paliers : le premier de 100 € – défiscalisable – et le dernier de 5.000 €. Il n’y a pas de lot, mais le plaisir de contribuer à une belle action (…) Le but vise aussi à passer un beau moment lors de la soirée, pour partager plusieurs belles causes, réunir des partenaires des entreprises avec le tissu associatif, des gens qui ne se croisent pas forcément souvent (…) Tours, ville de partage et de Saint-Martin, devrait aussi porter chance à cette initiative généreuse ».

Génial non ? Plein de bénévoles qui lèvent des fonds auprès de philanthropes pour aider des associations qui aident des personnes dans le besoin, voilà le type d’initiative qu’on aime tant, c’est sooo feel good ! Sauf qu’en réalité, quelques petits indices mettent la puce à l’oreille sur la nature profonde du projet : pas mal de noms à particule parmi les bénévoles et de références explicites au christianisme se dégagent de la campagne de communication de la Nuit du Bien Commun… mais bon, l’important c’est la générosité et puis, c’est défiscalisable, donc faisons rimer bonne conscience avec finance !

Charity-business à la française

Lorsque l’on creuse donc un peu le sujet, on se rend vite compte que gravite autour de cet événement tout un ensemble hétéroclite reliant des réseaux catholiques – tendance tradi –, une partie de la grande bourgeoisie conservatrice, la start-up nation sous sa forme serre-tête/marinière et… Eric Zemmour, nous y reviendrons.

La Nuit du Bien Commun, c’est d’abord un gala caritatif qui rappelle le temps béni des bonnes œuvres du XIXème siècle où aristocratie et bourgeoisie industrielle s’achetaient une place au paradis et un joli rayonnement social en mettant en scène leur générosité envers veuves et orphelins – les pauvres légitimes – tout en entretenant des réseaux de sociabilité et d’entre-soi particulièrement utiles au moment de nouer alliances économiques et matrimoniales entre bonnes familles. Pratique qui n’a pas disparu aux États-Unis par exemple, où le charity-business brasse des milliards de dollars par an, cultive la spécificité morale de la bourgeoisie – forcément généreuse et sensible à la détresse – et entretient les réseaux politiques, aussi bien chez les Démocrates que chez les Républicains, notamment les plus conservateurs, organisés autour de courants évangéliques radicaux dont Donald Trump est un aboutissement médiatique puis électoral.

Dans la presse d’extrême-droite, par exemple le magazine Causeur, on quitte un peu les éléments de langage fédérateurs et neutres qui sont livrés par les organisateurs et repris par la presse locale. On annonce cash que ces soirées rassemblent « un parterre représentatif d’une France conservatrice qui se soucie de la préservation du patrimoine et de l’éducation des générations futures (…) Faites brûler vos cœurs de charité et vos cartes bleues de générosité ! […] Considérons l’argent comme une énergie au service du Bien Commun ! » exhorte Maître Aymeric Rouillac, commissaire-priseur chargé de pousser les spectateurs à donner aux porteurs de projets ».

La charité et l’impôt

L’autre message subliminal d’un tel dispositif, c’est que la bourgeoisie et les notables triomphants du monde de l’entreprise aiment à choisir envers qui ira leur générosité. Et cela, de manière garantie par l’État qui défiscalise une partie des dons, ce qui fera d’autant moins pour le budget national, jouant clairement contre un acquis de la république : l’égalité devant l’impôt et le choix de sa levée, de sa répartition et de son affectation, avec des critères transparents, un suivi et un contrôle administratif par une assemblée démocratiquement élue et qui débat publiquement de ces orientations.

La problématique n’est pas une divagation abstraite ou une déclaration d’amour au Trésor Public. Par exemple, ce 6 juin, à Tours, l’Association de Sauvegarde de l’Enfance postule à la Nuit du Bien Commun pour obtenir des dons… alors que cette association s’occupe dans le département d’une partie de l’accompagnement et de l’hébergement de gamins placés par l’Aide Sociale à l’Enfance qui subit de plein fouet les choix budgétaires du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire et sa politique d’austérité fiscale portée par son président, le LR Jean-Gérard Paumier. Faut-il qu’une association délégataire d’un service public ô combien essentiel boucle certains de ses budgets en convaincant quelque généreux mécène de mettre la main à la poche ? Bien sûr, ce ne sont pas les même lignes de budget, assurera-t-on dans l’association, mais au vu de la réaction de pas mal de travailleurs du secteur social, pas sûr que le message soit bien passé ni qu’il soit bien apprécié.

A Tours, huit autres associations ont été sélectionnées par un comité de happy-few assistés par l’école de commerce Excelia, sur des critères qui ne sont pas publics et laissés à la libre appréciation des membres… On retrouve d’ailleurs parmi les potentiels bénéficiaires de dons le Café Joyeux qui a ouvert avenue Grammont et dont la presse a révélé les liens avec les milieux anti-avortement et Manif pour Tous, il y a aussi des associations à portée sociale avec une coloration catholique comme la Cloche ou Visitatio, ou alors plutôt portées sur la valorisation du patrimoine et des traditions, telle L’outil en main en Touraine.

A l’inverse, certains porteurs de projets semblent moins emballés par la méthodologie et la communication : « on a proposé un dispositif intergénérationnel… Un truc solide. On a été recalé sans explication et au final aucun projet culturel n’a été retenu…»

Associations sélectionnées par la Nuit du Bien Commun lors de précédentes soirées

La sélection finale est assez représentative des orientations de la Nuit du Bien Commun qui a plutôt récompensé des associations de conservation du patrimoine, de « protection de la vie », de stages de survie dans la nature, de défense de la famille, de promotion des valeurs religieuses, de lutte contre l’avortement, de promotion de la « liberté » etc…

Procès d’intention sur les motivations de l’événement direz-vous ? Pas vraiment : sur le site officiel du gala caritatif, la question fiscale est centrale et fait partie des rares informations concrètes affichées: « Donateurs, la contribution que vous faites lors de Tours pour le Bien Commun vous donne droit à une réduction annuelle d’impôt sur le revenu pour 66 % de son montant, dans la limite de 20 % du revenu imposable.
Exemple : Un don de 1000€ ne vous coûte que 340€. Si votre entreprise est assujettie à l’impôt sur les sociétés, vous bénéficiez d’une réduction de 60 % de votre don. Ce don est pris en compte dans la limite de 0,5 % ou dans la limite de 20 000€ du chiffre d’affaires réalisé au titre de l’exercice
».

Le gala des droites

La Nuit du Bien Commun, c’est aussi toute la galaxie de la droite qui se met en scène et que l’on peut apercevoir en filigrane derrière les belles valeurs fédératrices de l’événement. Reprenons un peu l’historique.

Les nuits du bien commun ont été fondées en 2017 par Pierre-Edouard Stérin, 49 ans, passé par une école de management puis par les salles de marché de la Société Générale. Il évolue ensuite dans tout un tas de business liés à Internet avant de faire fortune avec le site La Fourchette et de monter son fonds d’investissement. Sa fortune a été multipliée par 10 depuis 2017, estimée désormais à près d’1 milliard d’euros, faisant de lui l’un de 120 hommes les plus riches de France. Enfin, « de France », c’est une façon de parler car le monsieur s’est installé en Belgique en 2012 pour échapper aux impôts sur les plus-values. Stérin se dit ouvertement libertarien, opposé à toute intervention de l’État dans l’économie – notamment fiscale –, il s’affiche avec des figures de l’extrême-droite telles Marion Maréchal ou Eric Zemmour ainsi qu’avec la frange la plus catho-réac de la classe politique, comme François-Xavier Bellamy ou Bruno Retailleau. Catholique militant, Pierre-Edouard Stérin a fait scolariser ses 5 enfants à la maison, il organise aussi des soirées débat entre entrepreneurs, personnalités catholiques et politiques issus de la droite dure et il a même été un des principaux associés de la société de promotion immobilière qui avait projeté de construire un lotissement pour familles chrétiennes traditionnalistes à l’Ile Bouchard en Sud-Touraine.

Autre membre fondateur, Stanislas Billot de Lochner, lui aussi issu d’une école de management. Il se présente comme serial-entrepreneur chrétien, issu d’une famille aristocratique, son père est un ancien banquier devenu président d’associations et de think-tanks proches de l’Opus Dei et de Civitas, défendant les racines chrétiennes de la France. Stanislas est engagé avec son épouse dans l’utilisation de ce nouveau média qu’est Internet pour développer la foi catholique, fondant il y a quelques années le site Obole.eu, une start-up de levée de fonds liée à la ChurchTech et à la digitalisation des dons faits à l’Église.

Dernier fondateur des nuits du Bien Commun, Thibault Farrenq, associé d’Obole, issu d’une école de commerce mais lui, c’est plutôt le spécialiste de la communication et de l’événementiel. Passé par la banque et des entreprises plus classiques, il est particulièrement visible dans la structuration de ces soirées de levées de fonds.

Plus largement, on voit que la Nuit du Bien Commun bénéficie d’un réseau très bien constitué avec des soutiens médiatiques issus du groupe Bolloré qui ne cache plus ses ambitions politiques et religieuses depuis la reprise de Canal+ et d’Europe 1. Denis Duverne, PDG d’AXA, grand philanthrope et investi dans l’enseignement catholique à ses heures perdues est aussi un proche du trio de fondateurs de la Nuit du Bien Commun. On retrouve également dans ces réseaux la vieille aristocratie française, dont le Prince Louis de Bourbon, prétendant au trône de France (sic), des associations vendéennes liées au Puy du Fou, des personnalités issues de l’Armée et des organisations catholiques comme par exemple Caritas, spécialisé dans l’action caritative chrétienne. Bref, pas les milieux les plus progressistes, on a compris le message.

Mieux, la Nuit du Bien Commun se décline désormais également en une sorte de club philanthropique, avec un projet politique explicite – Génération Bien Commun – qui porte un certain nombre de constats et de propositions, tout en organisant des voyages entre membres, par exemple pour visiter le pape en 2019.

Tiré du site Génération Bien Commun

Et en Touraine ?

A Tours, la soirée aura lieu au Grand Théâtre, lieu de prestige qui sied à un tel parterre de personnalités, mais également structure en crise qui a besoin de renflouer les caisses après les années Covid et l’inflation galopante des diverses factures, notamment énergétiques. Contactée, la direction du Grand Théâtre dit ne pas avoir été au courant de la coloration politique de l’événement. En tout cas, aucun partenariat impliquant un tarif préférentiel ou une gratuité du lieu n’a été proposé aux organisateurs qui louent la salle, assure le cabinet du maire de Tours.

Parmi les membres du comité de soutien, on trouve la fine fleur de entrepreneuriat local : des banquiers, des assureurs, d’anciens élus, pas mal de noms à particule dont un vicomte heureux propriétaire d’un château restauré, des start-upers sous perfusion d’aides publiques, des avocats, des responsables de chambres consulaires et de fédérations d’acteurs économiques et même un ancien scout. Sans même parler de la participation du média TV Tours, lié en partie au groupe Nouvelle République et qui assure également n’avoir pas eu conscience des positionnements des trois créateurs de l’événement, ayant fait simplement confiance au co-présentateur de la soirée, Aymeric Rouillac qui, du reste, ne fait pas secret de ses convictions religieuses.

Parmi les personnalités liées a la soirée les plus intéressantes, on retrouve Dominique Girault, tour à tour patron de franchises McDo, vice-président de tribunal de commerce de Blois, président de l’organisme qui gère le groupe scolaire privé catholique Marmoutier et président d’un réseau d’entrepreneurs en Val de Loire. Il y a aussi Catherine de Colbert, présidente du conseil de surveillance de la cartonnerie Oudin mais aussi passée par le Medef, la Chambre de Commerce et d’Industrie et engagée dans l’archidiocèse de Tours, tout en gardant le temps pour être membre de plusieurs conseils d’administration.

Thibaut Picard Destelan, un des membres du comité de soutien

Mais celui qui interpelle le plus dans la liste des organisateurs, c’est Thibaut Picard Destelan, issu lui aussi d’une famille noble. Il a un profil plutôt scientifique, même si désormais, et après un passage dans le groupe Arche dirigé par Philippe Briand, il est conseiller immobilier indépendant, spécialisé dans les biens de standing. Cet hyperactif contribue par ailleurs régulièrement aux magazines Causeur et l’Incorrect, classés à l’extrême-droite, et il a été le numéro 5 sur la liste Rassemblement National au dernières élections municipales à Tours. Depuis, il a quitté le parti lepéniste avec Stanislas de la Ruffie pour se rapprocher de Reconquête, avec lequel il partage des convictions anti-avortement et pro-famille. Du reste, M. Picard Destelan a été l’organisateur de la manifestation en mémoire de la petite Lola il y a quelques mois, à l’appel de la droite identitaire et de Reconquête – contre l’avis de la famille de la victime -, manifestation qui a rassemblée dans sa version tourangelle une centaine de personnes, avec la présence remarquée d’une mosaïque des droites extrêmes : des partisans de Florian Philippot, des complotistes habitués de feu les manifestations anti-vax du samedi, des membres de l’Action Française ainsi que des identitaires locaux liés au groupuscule Des Tours et des Lys. Personnage pivot dans l’organisation de la nuit du Bien Commun à Tours, c’est Thibaut Picard Destelan qui a présenté la soirée chez les copains de… Radio Chrétienne de France.

En tout cas, loin d’être juste un simple hasard, cette coloration politique de l’organisation de la soirée, même implicite, aurait convaincu certaines entreprises de ne pas s’associer à l’événement, selon un élu, bon connaisseur de l’environnement économique local.

50 nuances de droite

Bien sûr, il ne sera pas question explicitement de politique lors du gala, et il n’y a que des vieux grincheux qui pesteront contre le principe même de cette charité privée et émotionnelle qui se substitue à la puissance publique et aux procédures démocratiques.

Mais au-delà de certains pedigrees de membres qui interrogent un peu, ce gala est un marqueur des évolutions des droites en France et un bon point d’observation au sujet de la reconfiguration de la droite locale.

Cette soirée, c’est le fruit d’un processus de mise en réseau de différentes familles de la droite : la tendance libérale et entrepreneuriale, la tendance catholique conservatrice et la tendance identitaire plus ou moins radicale. Longtemps scindée en droite de gouvernement (en gros LR) et extrême-droite de contestation (en gros le FN puis le RN), cette structuration de la droite a volé en éclats par un triple phénomène. Déjà, le siphonnage par LREM des cadres LR les plus modérés, teintés de technocratie passée par Sciences Po, façon Édouard Philippe ; ensuite, le manque de perspectives après l’échec du mandat Sarkozy et les péripéties de François Fillon en 2017 ; enfin, la stratégie de normalisation menée par Marine Le Pen à la tête du RN. Un reconfiguration est en cours et l’apparition récente dans le paysage politique et médiatique de Vincent Bolloré et d’Eric Zemmour ont complexifié encore l’équation, menant même certains intellectuels et politiques à commencer à théoriser « l’union des droites » pour enfin construire un bloc durable qui saura prendre et garder le pouvoir.

A Tours, le gala donne aussi l’occasion de mesurer les nouveaux rapports de force à droite. Dans la droite classique LR on voit émerger les tenants du durcissement du discours sécuritaire, courant derrière le RN, à la manière du tandem Ciotti/Wauquiez. Ici, c’est Olivier Lebreton qui entend incarner cette sensibilité, pour l’instant sans succès ni tellement de perspectives. On compte également chez LR des gens issus de la droite libérale classique mêlée à des courants catholiques traditionalistes proches de la Manif pour Tous, par exemple avec Cécile Chevillard – conseillère municipale d’opposition à Tours et toujours conseillère départementale – ou Thibault Coulon – conseiller municipal d’opposition également à Tours et vice-président à Tours Métropole -. A l’extrême-droite – bien qu’ils récusent ce terme –, on voit apparaître deux voies : une approche populiste un peu à la manière d’un Donald Trump, maniant fake-news, complotisme soft et tirades outrancières, approche incarnée par un Bruno Julien, membre du conseil national Reconquête, ancien commercial de l’industrie pharmaceutique qui inonde les réseaux sociaux de posts autour de ses principales obsessions : le wokisme, l’homosexualité, l’islamo-gauchisme, le féminisme radical et surtout, le Grand Remplacement. Mais on voit aussi depuis un an émerger une tendance aristocratique, catholique radicale et châtelaine, organisée autour de Stanislas de la Ruffie et Françoise Amiot – Françoise Abord de Chatillon de son nom de jeune fille –, issue de la droite plus classique et même passée par… LREM.

En réalité, ces courants sont loin de s’additionner et de se fédérer. Bien sûr, on constate des ponts, par exemple avec Mme Chevillard – toujours elle – qui avait « débattu » avec Stanislas de la Ruffie lors d’une soirée restée célèbre à Tours début 2020. Elle a également parrainé Eric Zemmour pour la présidentielle de 2022, au nom de la liberté d’expression et de la diversité des candidatures – ben voyons -, et c’est donc elle qui a été choisie pour aller faire un discours au nom du Conseil Départemental lors du gala de la Nuit du Bien Commun, devant un public de bénitier conquis d’avance.

Mais a l’extrême-droite il y a aussi de fortes inimitiés personnelles et des désaccords de fond, notamment entre la frange conservatrice, libérale et traditionaliste et la frange populiste. Ces désaccords sont particulièrement profonds au sein de Reconquête Touraine qui, derrière des sourires de façade, tente de construire un drôle d’attelage, dans l’espoir de récupérer en 2026-2027 les membres déçus de LR qui ne seront pas partis chez Edouard Philippe et de nouer des accords électoraux avec un RN beaucoup plus à l’aise pour séduire les classes populaires.

Pour l’extrême-droite, c’est donc tout l’enjeu des initiatives caritatives, façon société civile : se donner une devanture convenable et fédératrice, créer des réseaux qui dépassent les partis politiques et occuper l’espace médiatique avec, en point de fuite, la présidentielle de 2027 et l’après Macron. Et que cette stratégie fonctionne ou pas, au fond peu importe, car la parole se libère et la droite catholique réactionnaire occupe déjà l’espace public avec ses sujets, posant une ambiance délétère, brutalisant les discours, ouvrant le champ des possibles.

Comment ne pas faire le lien entre ce contexte politique où les thèses de l’extrême-droite sont normalisées, devenant de simples opinions qui méritent médiatisation, et les passages à l’acte violent, par exemple avec ce jeune catholique intégriste qui est suspecté d’avoir attaqué à plusieurs reprises, y compris avec des produits chimiques, le centre LGBT de Tours ces derniers mois ?

4 commentaires sur “Nuit du Bien Commun : quand la cathosphère s’affiche à Tours

  1. Chez ces gens là, comme chanterait Brel, il n’y a que l’entre soi. Le libre arbitre s’exprime entre le populisme et l’extrême droite. Nous ne citerons pas le nom de rues réputées pour cet entre soi, nous ne sommes pas l’Office du tourisme des catholiques intégristes, anti tout. Voire des cathos modérés qui font la clap !
    Cet article est brûlant ! Bolloré rime t-il avec fédérer ? En tout cas, le 6 juin, je me donne quelques heures de réflexion sur la dimension effective et sélectives des électrons, protons et neutrons qui forment cet atomique entre soi.
    Cet entre soi très exclusif et non inclusif, va prolonger dans un goût acide et amer, les présences de particules assumées et de non particules qui n’auront qu’une particularité : assumer de fréquenter, « Les particules élémentaires »…

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  2. Notre vieille Europe, sous couvert de la peur de l’envahissement, retrouve ses vieux réflexes portés par le dogme d’obédiences défraîchies, quelque peu délaissées par une partie du peuple mais encore bien établies dans certaines sphères. L’Histoire est un perpétuel recommencement prétendait Thucydide qui semblait avoir analysé avec beaucoup de perspicacité l’inscription de la peur et de la cupidité dans notre patrimoine génétique. Restons éveillés, indignons nous, comme le souhaitait le père Hessel et soyons vigilants.
    Merci pour ce travail d’information, certes subjectif, mais très éclairant.

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