Petites biographies du gouvernement Attal

Voici une synthèse biographique des 15 membres du gouvernement Attal. J’ai compilé uniquement les informations publiques de manière à avoir une idée de qui sont les gens qui nous gouvernent et d’éclairer les politiques menées à la lumières des trajectoires et intérêts personnels des décideurs. L’âge moyen des membres de cet exécutif est de 46 ans. Une moitié est née en région parisienne. Tous ont un bac+5 sauf un licencié et une docteure, perpétuant la domination des personnes formées au rang d’ingénieur ou de cadre A de la fonction publique. Une grosse moitié est passée par des établissements privés catholiques et par Sciences Po, les autres par des études de droit, les deux seules exceptions sont une scientifique et une ministre passée par un école de commerce. Une petite moitié ont des parents issus de la bourgeoisie. Les autres ont des parents issus des classes moyennes, quelques fois de milieux populaires. Neuf ministres sont issus de la droite, deux du PS, deux n’ont connu que LREM, trois n’ont pas d’appartenance politique préalable à leur nomination. Sociologiquement, ils sont essentiellement représentatifs du 5% le plus élevé de la pyramide sociale.

Gabriel Attal

Il a 34 ans. Né à Clamart d’un père juif tunisien avocat et producteur de cinéma et d’une mère salariée d’une société de production, celle-ci descend par son père d’une famille de russes ayant fui la Révolution de 1917 et par sa mère d’une famille aristocratique française comptant des ministres au moment de la Restauration. Sa mère le fait baptiser en tant que chrétien orthodoxe, mais il se dit non-croyant. Il est scolarisé à l’école alsacienne, établissement privé. Il manifeste contre le CPE en 2003 et rejoint le PS, se rapproche du courant DSK et soutient Ségolène Royal en 2007. Il fréquente la chanteuse Joyce Jonathan à cette époque, une camarade de lycée, devenue ensuite l’épouse du fils de François Hollande et de Ségolène Royal. Il intègre Sciences Po Paris et fait une licence de droit en parallèle. Après un master en affaires publiques, il réalise un stage auprès de Marisol Touraine en 2012 et elle l’embauche dans son cabinet au ministère de la Santé où il est préposé aux discours. Il y côtoie Benjamin Griveaux. En 2014 il perd aux municipales à Vanves et siège dans l’opposition au conseil municipal. En 2016 il adhère à En Marche, quitte le PS et soutient Emmanuel Macron à la présidentielle. Il est élu député des Hauts de Seine en 2017. Il fait son coming-out lorsqu’il se pacse avec le député ex-PS qui rejoint le cabinet de Macron, Stéphane Séjourné. En 2018, il devient porte-parole de LREM puis secrétaire d’État à la Jeunesse. En 2020, il perd de nouveau les élections municipales à Vanves puis il est nommé secrétaire d’État, porte parole du gouvernement. Il participe aux Régionales en Île-de-France puis rentre au bureau exécutif de LREM 2021. L’année suivante, il conserve son siège de député puis est nommé ministre délégué en charge des comptes publics. Il se sépare de Stéphane Séjourné la même année. En 2023 il est nommé ministre de l’Éducation Nationale.

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique

Il a 54 ans. Né à Neuilly d’un père cadre sup’ chez Total et d’une mère issue d’une famille aristocratique, directrice d’établissements scolaires privés parisiens. Il fait ses études à Saint-Louis-de-Gonzague dans le XVIème. Prépa littéraire à Louis-le-Grand, il intègre l’École Normale Supérieur puis est reçu premier à l’agrégation de lettres modernes. Il enseigne deux ans, puis rentre à Sciences Po Paris puis à l’ENA dont il sort en 1998. Il intègre le Ministère des Affaires Étrangères puis rejoint Dominique de Villepin au secrétariat général de l’Élysée et le suit au ministère des affaires étrangères puis au ministère de l’Intérieur et à Matignon en 2005. En 2006 il devient dircab du premier ministre. En 2007 il est parachuté sur la circonscription de Jean-Louis Debré et devient député. En 2008 il devient secrétaire d’État aux affaires européennes sous Sarkozy. En 2009, il est ministre de l’agriculture. En 2010, il perd les régionales en Normandie. En 2012 il est réélu député et lors de la guerre fratricide pour prendre la tête du parti après la défaite de Sarkozy, il refuse de choisir un camp. En 2016, il fait 2,4% des voix à la primaire de la droite et se rallie à François Fillon. Il appelle à voter pour lui en 2017 et critique Emmanuel Macron. En mai de la même année, il est nommé ministre de l’économie par Emmanuel Macron. Écrivain à ses heures perdues, il se réclame de Proust et donne dans la littérature érotique, s’inspirant de son épouse, issue de la grande bourgeoisie landaise et qui sera son assistante parlementaire de 2007 à 2013. Commandeur de l’ordre du mérite maritime.

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer

Il a 40 ans. Né à Valenciennes d’un père tenancier de bar et d’une mère femme de ménage, petit fils d’un algérien et d’un tunisien. Il fait ses études dans un lycée catholique du IVème arrondissement à Paris – il y milite pour le RPR –, puis part à Sciences Po Lille. Assistant parlementaire de Jacques Toubon au Parlement européen, il rejoint le très droitier Christian Vanneste en 2004 et devient délégué UMP dans le Nord où il développe son réseau par un clientélisme assumé, développant des postures ultra-cathos et homophobes, il collabore pour un journal proche de l’Action Française. Il travaille auprès de Xavier Bertrand à l’UMP puis de David Douillet au gouvernement. En 2010 il devient conseiller régional du Nord Pas de Calais. En 2012, il est élu député, brille par ses déclarations islamophobes et machistes puis soutient Xavier Bertrand à la tête de l’UMP avant de se rallier à Fillon. En 2014 il devient maire de Tourcoing et refuse de procéder à des mariages homos en affichant son soutien à la manif pour tous. Il est alors vice-président de Lille-métropole. Il soutient Sarkozy à la présidence de l’UMP la même année. En 2015 il participe aux régionales, devient vice-président et démissionne de son poste de député. En 2016 il soutient Sarkozy à la primaire de la droite puis Fillon. Il critique violemment Emmanuel Macron puis lâche Fillon et l’UMP et devient ministre de Macron en mai 2017, aux comptes publics. Il quitte son mandat de maire mais reste premier adjoint de Tourcoing avant de partir en vacances en Corse, dans la villa d’un homme condamné pour trafic international de drogue. La même année se déroulent des faits qui lui valent d’être accusé de harcèlement et de viol. En 2020, il est candidat aux municipales de Tourcoing et menace de démissionner du gouvernement si son cumul n’est pas autorisé. Emmanuel Macron l’autorise et le nomme dans la foulée ministre de l’Intérieur. Il épouse à ce moment une directrice-conseil du groupe Havas. En 2021 il se présente aux élections départementales et aux régionales sur une liste LREM. En 2022, il est candidat aux législatives et gagne. Médaille d’or de la jeunesse et des sports.

Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités

Elle a 63 ans. Née à Reims d’un père directeur de société et d’une mère au foyer. Diplômée d’une maîtrise en droit des affaires à 25 ans, elle est déjà à ce moment conseillère municipale de Reims. Elle intègre la société d’assurances et de couverture médicale américaine Cigna en 1986. Elle y restera presque 15 ans, gravissant les échelons et devenant directrice du marketing et de la communication de Cigna Europe. En 1999, elle quitte la boîte et le conseil municipal de Reims et devient directrice générale adjointe des services au Conseil Régional de Champagne-Ardenne. Elle se marie avec un universitaire en 2001. En 2002, elle est élue députée UMP de la Marne, elle quitte alors son poste au Conseil Régional. En 2004, elle devient secrétaire d’État à l’égalité des chances, puis aux personnes âgées puis en 2005 ministre déléguée à la cohésion sociale. Elle est alors très proche de Jean-Pierre Raffarin, premier ministre, qui la nomme présidente de son club politique. Réélue députée en 2007, elle échoue aux municipales à Reims en 2008. Elle obtient des fonctions de vice-présidente à l’Assemblée Nationale puis est de nouveau élue députée de la Marne en 2012, elle s’opposera vivement l’année suivante au mariage pour tous. En 2014, aux municipales de Reims, elle devient première adjointe puis présidente de la communauté d’agglomération de Reims. La même année, elle est élue à la tête de l’Association des Villes Universitaires de France, puis elle est mise en examen pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, en tant que trésorière de l’UMP. Elle bénéficiera d’un non-lieu un peu plus tard. En 2016, des journalistes montrent ses liens avec l’industrie agro-alimentaire. Elle soutient Sarkozy à la primaire des Républicains pour la présidentielle, puis Fillon, avant de le lâcher. En 2017, elle prend la tête de ce qui devient le Grand Reims, regroupant 143 communes et perd son siège de députée face à une macroniste. Elle participe avec Ciotti et Fillon à la saisie du Conseil Constitutionnel pour faire censurer la loi qui pénalise les sites internet qui diffusent des fake-news au sujet de l’avortement. En 2019, elle quitte Les Républicains. En 2020, elle conserve son poste à la tête du Grand Reims. La même année, elle est élue au CA d’Intercommunalités de France, une association d’élus. En 2022, elle soutient la candidature Macron. La même année, elle devient présidente de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine. En 2023, elle adhère à Horizons, le parti d’Édouard Philippe. Elle est Chevalière de la Légion d’Honneur.

Amélie Oudéa-Castéra, ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques

Elle a 45 ans. Née à Paris d’une DRH et d’un haut fonctionnaire devenu directeur de Publicis, multinationale française spécialisée dans la com’ dont la principale actionnaire est Elisabeth Badinter. Elle est la nièce des journaliste Alain et Patrice Duhamel et de l’ex-cheffe du service politique de France 2 Nathalie Saint-Cricq, de la famille des propriétaires de la Nouvelle-République. Joueuse de tennis de haut niveau depuis l’âge de 14 ans, elle passe quatre années sur le circuit pro et sort avec Gustavo Kuerten. Elle mène des études de droit en parallèle puis rentre à Sciences Po Paris puis à l’Essec puis à l’ENA dans la promo de Macron. Elle rentre à la cour des comptes en 2004 et rencontre son futur mari, Frédéric Oudéa – lui-même polytechnicien et énarque, conseiller de Nicolas Sarkozy – qui devient en 2008 PDG de la banque Société Générale et récemment, en 2023, Président du groupe pharmaceutique Sanofi. Ils ont trois enfants, tous trois scolarisés au collège catholique traditionaliste Stanislas, à Paris. En 2008 elle intègre les young leaders, un programme d’influence d’une structure américaine. Dans la foulée, elle rentre à la direction générale d’Axa où elle reste pendant 10 ans avant d’intégrer Carrefour tout en administrant d’autres entreprises, dans le plastique et l’investissement notamment. Directrice du e-marketing, du data et de la transformation digitale de Carrefour, elle touche 1,4 millions d’euros de revenus annuels à partir de 2018. Elle est élue « femme du digital » en 2020 pour son influence dans le secteur. Toujours en 2018, elle devient présidente du comité d’audit des JO de Paris, puis en 2021 directrice générale de la Fédération Française de Tennis où elle perçoit 35 000 euros par mois. En 2022, elle devient ministre des sports dans le gouvernement Borne.

Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

Il a 52 ans. Né à Paris, il fréquente le lycée Molière, passe un DEUG de SVT puis rentre dans une boîte de consulting agricole qui bosse pour le ministère puis pour la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher. En 1995, il est conseiller municipal d’un village du 41. En 2000 il est embauché comme directeur du service développement de cette même chambre d’agriculture. En 2003, il obtient un diplôme de Sciences Po Paris. En 2004, il devient conseiller régional en région Centre. En 2007 il entre au Modem et en gravit les échelons. En 2008, il devient maire du village dont il était simple conseiller et entre au bureau de l’association des maires de France. En 2010, il se présente de nouveau aux régionales, sans succès. Il s’investit pour la candidature de François Bayrou en 2012. En 2014 il est réélu maire et devient président de la communauté de communes. En 2017, il est élu député Modem dans le 41 et devient président du groupe modem à l’assemblée. En 2018 il devient ministre en charge des relations avec le parlement. En 2021 il conduit la liste Modem/LREM en région centre val de Loire mais échoue. En 2022, il est nommé ministre de l’Agriculture.

Rachida Dati, ministre de la Culture

Elle a 58 ans. Née dans une petite ville de Saône-et-Loire d’un père maçon marocain et d’une mère au foyer algérienne. Elle a dix frères et sœurs, dont deux ont été condamnés pour trafic de stupéfiants et une est élue locale. Elle a été scolarisée dans un collège catholique strict puis un lycée public où elle a frisé l’exclusion. Elle cumule les petits boulots le week-end et pendant les vacances pour aider sa famille et se payer ses études. Elle échoue par deux fois en médecine puis part en Sciences Économiques à Dijon. Elle rencontre alors Albin Chalandon qui lui trouve un stage chez Elf Aquitaine. Elle continue ses études à Paris, où elle obtient une maîtrise de sciences économiques , tout en rencontrant Jean-Luc Lagardère qui la fait entrer chez Matra en 1990. L’année suivante elle bénéficie d’une bourse de Matra pour faire une maîtrise en administration des affaires mais elle ne la finit pas, recrutée par Jacques Attali dans une Banque en 1993. L’année suivante, elle est contrôleuse de gestion pour la Lyonnaise des Eaux puis devient conseillère au Ministère de l’Education Nationale de 1995 à 1997, sous François Bayrou. Elle obtient ensuite une maîtrise en droit public par validation des acquis professionnels, avec mention passable. Elle réussit alors en 1997 à intégrer l’école de la magistrature sur dossier, sans passer le concours, produisant un faux CV, affirmant qu’elle avait obtenu la maîtrise débutée en 1991. En 1997, elle devient magistrate dans la Somme. Elle y reçoit un blâme à cause de sa manière de traiter les greffiers et de nombreux rappels à l’ordre à cause de son manque d’investissement et de ses absences injustifiées. En 2002, elle devient conseillère de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. En 2003, elle est nommée substitut du Procureur à Évry. Elle essaye d’intégrer le Conseil d’État, mais elle essuie des refus. En 2004, elle redevient conseillère de Sarkozy, cette fois au ministère de l’Économie. En 2005, elle se met en disponibilité de la magistrature et devient directrice générale adjointe du Conseil Général des Hauts-de-Seine alors présidé par Nicolas Sarkozy. Elle a en charge les marchés publics mais, peu travailleuse, elle sous-traite ses dossiers à des cabinets d’avocats. Après quelques mois, elle retourne comme conseillère au ministère de l’Intérieur, toujours et encore avec Nicolas Sarkozy. Elle adhère en 2006 à l’UMP puis devient co-porte-parole de Sarkozy en 2007, pour la présidentielle. Elle prend à l’été de la même année la tête du Ministère de la Justice. Elle y épuise sept membres de son cabinet en quelques semaines. En 2008, elle devient maire du VIIème arrondissement de Paris. En 2009, elle accouche d’une fille de père inconnu. Elle quitte le ministère de la Justice, se fait élire députée européenne et fonde une société de consulting qu’elle abandonne au bout de deux ans pour obtenir une équivalence afin d’exercer le métier d’avocate. En 2012, à la suite d’une procédure, elle assigne le père de sa fille à payer une pension, on apprend alors qu’il s’agit de Dominique Desseigne, le PDG du groupe de casinos Barrière, à la tête d’une fortune d’un milliard d’euros. En 2013, elle devient consultante pour GDF Suez et la presse met en évidence qu’elle a déposé des amendements au parlement européen favorisant l’entreprise. En 2014, elle est réélue maire du VIIème arrondissement puis est suspendue du groupe UMP, n’ayant pas payé ses cotisations depuis cinq ans. La même année, elle est réélue députée européenne. En 2016, elle soutient Nicolas Sarkozy à la primaire, puis François Fillon, elle se rapproche ensuite de Laurent Wauquiez. En 2020, elle est réélue maire du VIIème arrondissement. En 2021,  Rachida Dati est mise en examen pour « corruption passive par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale », « trafic d’influence passif » et « recel d’abus de pouvoir » dans le cadre de ses activités de conseil auprès de Renault-Nissan, à hauteur de 300 000 euros, entre 2009 et 2013, quand Carlos Ghosn était PDG, et ce alors que la direction actuelle considère qu’elle n’a fourni aucun travail.

Membre du think tank libéral Institut Montaigne et du Siècle, ainsi que fondatrice de clubs de réflexion. Elle est réputée très proches des intérêts Qataris et Azéris, deux états non démocratiques.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées

Il a 36 ans. Né dans le Val-d’Oise d’un père technicien dans l’armement et d’une mère femme au foyer. Passé par un lycée privée catholique, il y milite déjà pour l’UMP. Bac ES, licence de droit. En 2005, il est assistant parlementaire d’un député UMP de l’Eure avant de rentrer au cabinet de Bruno Le Maire en 2007. En 2013 il fonde sa boîte de conseil en relations publiques et en communication. Il est lieutenant de gendarmerie de réserve, il y est chef de peloton d’un autre réserviste célèbre, Alexandre Benalla. En 2014 il devient maire de Vernon puis vice-président de la communauté d’agglo. En 2015 il devient président du conseil départemental de l’Eure et démissionne de son poste de maire à cause de la loi sur le cumul des mandats, mais reste premier adjoint. Il est directeur de campagne de Bruno Le Maire pour les primaires de la droite en 2016 puis directeur de campagne adjoint de Fillon qu’il quitte à l’annonce de sa mise en examen en mars 2017. Il est nommé secrétaire d’état auprès de Nicolas Hulot et il devient carrément colonel de réserve de la gendarmerie, fait rarissime. En 2018, il est ministre en charge des collectivités territoriales. En 2020 il participe aux municipales, il se fait élire ensuite sénateur et est nommé ministre des outre-mer. En 2021 il participe aussi aux départementales et il est l’objet d’une enquête pour prise illégale d’intérêt car administrateur d’une société d’autoroutes qu’il aurait favorisé en tant que président de conseil départemental. Chevalier du mérite agricole et de l’ordre des arts et des lettres.

Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice

Il a 62 ans. Né à Maubeuge d’un père ouvrier et d’une mère femme de ménage d’origine italienne. Il fait des études de droit et s’engage contre la peine de mort. Il cumule les petits boulots pour payer ses études (maçon, ouvrier, fossoyeur, serveur, manutentionnaire, pion…). Reçu au barreau de Lille, il excelle aux concours d’éloquence. Sans contacts, il n’est pas pris dans les cabinets prestigieux et travaille aux prud’hommes. Il passe au pénal et se fait une solide réputation d’avocat de la défense. Il rencontre sa future épouse lors d’un procès, elle y est jury. Il a deux enfants. En 2016, il s’installe à Paris, s’y inscrit au barreau et se met en couple avec la chanteuse Isabelle Boulay. La même année, il subit un rappel à la loi, à la suite de gestes sexistes à destination d’une magistrate. Passionné de chasse, il possède une ferme dédiée en Flandre avec chiens et rapaces. Il joue dans des films, une pièce de théâtre et une émission de télé. Il est nommé ministre en 2020, il déclare alors un des plus gros patrimoines immobiliers du gouvernement, même s’il oublie de déclarer 300 000 euros de revenus selon la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, qui reconnaît sa bonne foi. En 2021, il est candidat lors des régionales, dans le Haut-de-France, mais est éliminé dès le premier tour. Quelques semaines plus tard, ils est mis en examen pour prise illégale d’intérêts par la Cour de Justice de la République (CJR) pour avoir demandé une enquête interne contre des magistrats du Parquet National Financier qui avaient enquêté sur lui dans une des affaires Sarkozy, du temps où il était encore avocat, demande considérée comme une vengeance personnelle sans fondement. La CJR reconnaît la prise illégale d’intérêt lors du procès fin 2023, mais prononce une relaxe, l’intentionnalité n’ayant pas été prouvée. L’été dernier, ils est accusé par la presse d’avoir tenu des propos sexistes lors du festival d’Avignon. Il a refusé la légion d’Honneur dans le passé.

Stéphane Sejourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

Il a 38 ans. Né à Versailles de parents expatriés travaillant dans les télécoms, il passe sa jeunesse à l’étranger. Il adhère au PS quand il est lycéen en Argentine puis rentre faire des études de droit à Poitiers. Il y rencontre quelques amis aux Jeunesses Socialistes et à l’UNEF, dont Sacha Houlié, et devient assistant parlementaire. Il milite pour la candidature de Dominique Strass-Khahn en 2011 puis intègre le cabinet de Jean-Paul Huchon au Conseil Régional d’Île-de-France de 2012 à 2014. Il part ensuite conseiller Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie et structure les prémisses de ce qui deviendra LREM. En 2017, il est l’un des principaux conseiller d’Emmanuel Macron à l’Élysée. En 2018, il est candidat aux élections européennes et devient président du groupe Renew Europe au Parlement Européen en 2021. En 2022, il devient secrétaire général de Rennaissance (ex-LREM)

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

Il a 48 ans. Né à Angers, il fait Sciences Po Paris après des études de droit. Élu conseiller municipal dans la banlieue d’Angers, à Avrillé, il est adjoint à la com’. Il est assistant parlementaire du député-maire de sa commune. Il devient prof de finances publiques puis directeur d’une boîte de conseil en télécom. En 2001, réélu à Avrillé, il est adjoint à l’urbanisme. Parallèlement il est élu au conseil départemental et préside le service des secours. Il est reçu au barreau de Poitiers en 2003. En 2004, il est élu président du Conseil Départemental du Maine-et-Loire. En 2005, il devient président du Festival d’Anjou. En 2006, il est président d’une asso de collectivités locales puis de l’organisme gérant les appels d’Allô enfance en danger. En 2007, il devient administrateur de la banque Dexia. En 2008, il est réélu président du conseil départemental et il est candidat à la mairie d’Angers où il est battu de justesse. En 2009, il est élu eurodéputé et démissionne du conseil municipal d’Angers. En 2010, il dirige la liste UMP aux régionales, où il échoue. En 2011 il est réélu à la tête du conseil départemental et abandonne son mandat européen. Quelques mois plus tard il est élu sénateur et abandonne son mandat de conseiller régional. En 2012, un scandale médiatique touche la boîte de communication de son épouse qui a travaillé pour ses campagnes électorales, ils nient tout enrichissement personnel. Il participe au groupe de Bilderberg la même année. En 2014 il devient maire d’Angers et quitte le conseil départemental. En 2015, il devient président de l’observatoire national de l’action sociale. En 2016, il soutient Fillon aux primaires de la droite et la cours des comptes critique sa gestion financière au conseil départemental. En 2017, il lâche Fillon et soutient Emmanuel Macron puis quitte les Républicains. En 2018, il devient président  de l’Agence de financement des infrastructures de transport en France. En 2019, il devient président de la République des Maires. En 2020 il est réélu maire d’Angers puis président d’Angers Loire Métropole. En 2021, il est secrétaire général du parti Horizons fondé par Édouard Philippe.

Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Elle a 58 ans. Née à Nice. ENS Cachan, agreg de physique et doctorat en sciences en 1988. Spécialiste des semi-conducteurs, elle devient professeure à Paris-Sud en 2001, vice-présidente du département physique de la fac d’Orsay en 2007. Directrice du pôle microelectronique du CNFM, administratrice de l’ENS Saclay, de l’école Telecom Paris Tech et du lycée Blaise Pascal. En 2018, présidente de l’université Paris-Sud puis Paris-Saclay. Légion d’Honneur, ordre national du mérite.

Prisca Thevenot, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement

Elle a 38 ans. Elle est née à Strasbourg. Elle part en classe préparatoire au lycée catholique Saint-Louis-de-Gonzague puis intègre l’EM Lyon Business School. Son mari est un banquier d’affaires au Crédit Suisse, conseiller stratégique pour EDF. Elle adhère en 2016 à LREM puis échoue aux législatives en Seine-Saint-Denis en 2017. En 2020, elle devient porte-parole de LREM puis elle est élue conseillère régionale d’Île-de-France en 2021. En 2022, elle est élue députée, mais cette fois elle s’est présentée dans les Hauts-de-Seine. En 2023, elle est nommée secrétaire d’État en charge de la Jeunesse et du Service National Universel.

Marie Lebec, chargée des Relations avec le Parlement

Elle a 33 ans. Elle est née dans une petite commune de l’Eure. Elle fait sa scolarité dans des établissements privés catholiques où elle milite dans les jeunes Populaires, notamment pendant la campagne de 2007 pour Nicolas Sarkozy. Elle intègre Sciences Po Bordeaux où elle obtient en 2014 un master en affaires publiques et représentations des intérêts. Elle devient alors lobbyiste chez Euralia, un cabinet de conseil franco-européen, jusqu’en 2017. En 2014, elle fait partie de la liste Nouveau Centre aux municipales de Louveciennes, dans les Yvelines, mais elle n’est pas élue. Elle devient ensuite assistante parlementaire d’un député PS des Vosges. Elle passe rapidement en 2015-2016 à LREM, puis se présente aux législatives en 2017, dans les Yvelines, où elle est élue. Elle devient influente dans le groupe LREM à l’assemblée, aux côtés de Christophe Castaner. Elle est réélue députée en 2022.

Aurore Bergé, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations

Elle a 37 ans. Née à Paris de parents professionnels de la doublure de voix – son père est la voix française de Silvester Stallone – et entrepreneurs. Elle suit une scolarité dans des établissements privés catholiques à Versailles, elle adhère à l’UMP à 16 ans, en 2002 puis prend des responsabilités chez les jeunes Populaires d’Ile-de-France, sous l’égide de Valérie Pécresse. Elle intègre Science Po Paris où elle obtient en 2009 un master en affaire publiques, elle y milite à l’UNI, syndicat étudiant de droite. Elle se marie pendant ses études avec un homme politique socialiste, Nicolas Bays, les témoins de mariage seront Roselyne Bachelot et Pierre Moscovici. Elle a participé aux municipales de 2008 à Versailles, sans succès, idem aux Régionales de 2010 sur la liste Pécresse. Elle est embauchée ensuite par une grosse agence de com’, celle qui organise les meetings de Nicolas Sarkozy en 2012, puis par une agence de lobbying. Au même moment, elle soutient la candidature de Sarkozy, en tant que militante, puis celle de François Fillon qui brigue la direction de l’UMP en 2013. En 2013 toujours, elle s’installe à Magny-les-Hameaux sous les conseils de Pécresse afin de tenter de prendre la mairie, ce qu’elle échoue à faire en 2014. Elle tente d’obtenir une position éligible pour les européennes la même année, mais elle est évincée. Elle se sépare en 2015 et se met en couple quelque temps après avec un homme politique issu de LREM, Grégory Besson-Moreau. En 2016, elle soutient Nathalie Kosciusko-Morizet à la primaire des Républicains pour la présidentielle mais elle est dans l’équipe d’Alain Juppé. Elle se rallie ensuite à Emmanuel Macron quelques mois plus tard, obtient une investiture LREM pour les législatives de 2017 et devient députée des Yvelines. En 2019, elle est nommée porte-parole de LREM. En 2020, elle échoue aux municipales à Rambouillet et à se faire élire à la tête du groupe LREM à l’Assemblée Nationale. En 2021 elle est élue conseillère régionale. En 2022, elle est réélue députée des Yvelines. En 2023, elle est nommée ministre des Solidarités et des Familles.

4 commentaires sur “Petites biographies du gouvernement Attal

  1. Un bel échantillon de l’élite républicaine avec une partie non négligeable de ce que peut produire l’ascenseur social en France, quand il fonctionne.

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  2. J’ai bien « aimé » le portrait de Rachida Dati où l’on voit que si’elle est arrivée là où elle est maintenant, c’est grâce à des relations bien placées (Albin Chalandon, JL. Lagardère et cerise sur le gâteau Nicolas Sarkozy) qui l’a introduit dans le monde politique et des affaires quand il a eu des mécomptes électoraux.,Autrement dit par arrivisme et opportunisme et non pas par pure méritocratie républicaine.

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  3. Poua, ça fait peur tous ces gens qui ont eu une scolarité bien catho, qui ont viré réac, manif contre tous ; à l’époque, officiant activement pour considérer qu’en France, il y avait des citoyens de seconde zone à qui il n’était pas concevable d’envisager qu’ils obtiennent les mêmes droits que les con-citoyens en première classe ! Le reste est tout aussi édifiant. À quand un.e frenchtrumping sur le perron de l’Élysée ? Le mystère reste entier colonel moutarde…

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